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La biographie de Jérôme-Adolphe Chicoyne – Épisode 3

Dans ce 3e épisode de la biographie de Jérôme-Adolphe Chicoyne, on survole aujourd’hui ses mémoires de jeunesse durant les années 1860.

Cette série est tirée du livre de Denis Beaulieu:  »Jérôme-Adolphe Chicoyne, avocat, journaliste. agent d’immigration et de colonisation, entrepreneur, développeur, maire, député ».

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Temps de lecture estimé – 10 minutes

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À la fin de son cours classique, en juillet 1866, J.A. Chicoyne prit un moment de repos et écrivit, dans un simple cahier de notes, ses mémoires : « les événements qui me sont survenus depuis que j’existe », comme il disait. Le document manuscrit relatant ses Mémoires fut conservé dans le fonds d’archives Jérôme-Adolphe Chicoyne, au Séminaire de Saint-Hyacinthe, puis transféré au Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe. En 1982, madame Claire Lachance en a fait une transcription qui a paru dans le journal Le Courrier de Saint-Hyacinthe, du 7 avril au 8 juin, soit pendant dix semaines, sous la chronique quelques pages de notre histoire.

À la deuxième partie, dans ses écrits, au document # 1, nous retrouvons ce long document. Il me semble important d’en faire la citation complète afin de nous permettre de bien comprendre le contexte et le milieu dans lequel J.A. Chicoyne a grandi. C’est lui-même qui nous relate son histoire, ce n’est donc pas des interprétations ou des extrapolations, d’où la valeur du document et de l’information. Toutes les citations concernant son histoire de jeunesse proviennent de ce document. (ndlr : Ces mémoires de jeunesse totalisent environ 50 pages et font partie du livre au document #1 de la deuxième partie ; ce document est également disponible au Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe).

Pour le moment, je vais tenter d’en résumer l’essentiel, selon la chronologie même que J.A. Chicoyne a suivie.

Comme nous venons de le voir, depuis la troisième génération, la famille Chicoine habita la paroisse de Verchères et occupa une partie du fief Bellevue. C’est ce qui, plus tard, amènera J.A. Chicoyne à appeler sa résidence de La Patrie, Villa Bellevue, en souvenir de ce fief.

J.A. Chicoyne ne dit pas qu’il était « un gros bébé », mais il nota : J’ai su que le jour de ma naissance on a eu la curiosité de me peser; je ne sais pas trop quelle a été la cause de cette action, mais ce que je sais, c’est que je pesai 12 livres.

Le lendemain de sa naissance, il fut baptisé à l’église de Saint-Pie et son parrain fut Joseph Charbonneau, son oncle, marié à la sœur de son père, Josephte Chicoine. Cette dernière fut sa marraine.

Aux dires de J.A. Chicoyne, son parrain et sa marraine le chérissaient beaucoup, c’est ainsi qu’à l’âge de trois ans, il alla vivre avec eux. Ils habitèrent le village de Saint-Damase, non loin de Saint-Hyacinthe et de Saint-Pie. Il aimait bien aller rendre visite à sa famille, mais il fut toujours content de revenir à Saint-Damase et c’est lui qui dit qu’il ne voulut pas retourner vivre avec ses parents.

La Commission de Toponymie du Québec, sur son site ToposWeb, nous donne une très bonne description de la municipalité de Saint-Damase.

À l’âge de sept ans, en 1851, Jérôme-Adolphe commença à fréquenter l’école du village de Saint-Damase et, dans ses mémoires, il se remémore certains souvenirs de ses deux premières années de classe. Deux ans plus tard, en 1853, son oncle Charbonneau déménagea à Saint-Hyacinthe, sur la rue Girouard. Jérôme-Adolphe le suivit et pendant deux ans, il poursuivit ses études à l’école du village de La Providence, situé de l’autre côté de la rivière Yamaska. C’est là qu’il se retirera et qu’il y décèdera. En septembre 1855, il entra au Collège de Saint-Hyacinthe; il était alors âgé de 11 ans.

Voici comment il décrivit sa première année au collège : ‘Toute mon année scolaire se passa en dissipations, en négligences; je n’obtins aucun succès marquants. Les vacances arrivées, je pris la ferme résolution de ne plus retourner me ranger sous la férule collégiale, et en effet, au mois de septembre je me décidai à aller aux États-Unis pour apprendre l’anglais et faire de l’argent plus tard s’il était possible.’

Il se souvient de la cérémonie d’ouverture du nouveau collège en 1853 et du terrible incendie qui détruisit une partie des bâtiments de Saint-Hyacinthe, le 17 mai 1854, dont l’ancien collège qui était devenu la première cathédrale.

À l’automne 1855, J.A. Chicoyne fit sa première entrée au Collège de Saint-Hyacinthe. Il existait parmi les élèves la coutume de donner un surnom à chaque nouveau. Voici comment il explique l’attribution de son surnom : Le jour que je fis mon apparition au Collège le temps était pluvieux et pour garantir mon « capot neuf » des ravages de la pluie, j’avais pris parti de me revêtir d’un manteau; c’en fut assez pour tirer mes nouveaux confrères de l’embarras qu’entraînait le choix d’un surnom; on m’appela la vieille. Mon pardessus ressemblait sans doute à celui des filles de la cuisine et qui sont connues sous la dénomination générale de « vieilles » par les écoliers.

Le séminaire de Saint-Hyacinthe vers 1910. Source : Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds du séminaire de Saint-Hyacinthe.

Voici comment il décrivit sa première année au collège : Toute mon année scolaire se passa en dissipations, en négligences; je n’obtins aucun succès marquants. Les vacances arrivées, je pris la ferme résolution de ne plus retourner me ranger sous la férule collégiale, et en effet, au mois de septembre je me décidai à aller aux États-Unis pour apprendre l’anglais et faire de l’argent plus tard s’il était possible.

J.A. Chicoyne passa l’hiver 1856-57 encore à Saint-Hyacinthe et, vers le 15 mars 1857, âgé d’à peine 13 ans, il partit pour les États-Unis.  Il alla séjourner dans le Connecticut où il travailla dans les manufactures et apprit passablement l’anglais. Après un an et demi, à l’automne 1858, il alla à Brandon, Vermont, où demeurait un de ses cousins, Amable Jacques. C’est là qu’il entra chez un vieux Yankee du nom de Théodore Kary, célibataire qui vivait seul avec une de ses sœurs nommé Rhady. J’étais comme le fils de la famille chez le vieillard en question, je travaillais et fréquentais l’école du village. Je demeurai une année entière dans la maison du père Kary, lorsque je le quittai en octobre 1859, je savais l’anglais assez bien pour qu’on ne pût s’apercevoir que j’étais étranger lorsque je parlais cette langue.

Au mois d’octobre 1859, lui et son cousin quittèrent les États-Unis pour revenir au pays. Lui qui pensait faire fortune en y allant, n’avait même pas les moyens de se payer un billet de train pour revenir. Le voyage de retour dura quatre jours et il dût faire les 200 kilomètres (120 milles) de route à cheval, dormant de temps à autre chez les habitants qui voulaient bien les recevoir.

Voici ce qu’il écrit concernant son retour à Saint-Hyacinthe : Je me dépouillai de mes anciens préjugés par mes propres réflexions, qui m’étaient sans doute inspirées d’en haut, et lorsque j’arrivai dans mes foyers, je n’étais plus le même : mes idées, mon caractère, tout était changé, transformé. Le Collège n’avait plus que de l’attrait pour moi, et quelques jours seulement après que Saint-Hyacinthe m’eût reçu dans ses limites, les classes de cette Institution s’ouvraient pour moi.

À la fin du mois d’octobre 1859, il reprit ses études, en Éléments-latins, au Collège de Saint-Hyacinthe et était déterminé à finir son cours classique. Au cours de cette année, il forma une « association militaire » qu’il appela la Petite milice et dans laquelle plus de 70 élèves entrèrent. En septembre 1860, il débuta sa Syntaxe, mais deux mois plus tard, le Supérieur jugea qu’il devait monter directement en Méthode. Il termina son année avec succès.

En 1861-1862, il compléta sa Versification en remportant sept prix et cinq accessits. Au cours de cette année, plusieurs choses se produisirent : Ce fut le 14 septembre 1861 que le monastère du Précieux-Sang prit naissance, sous les auspices du Rév. Messire Raymond. Quatre jeunes demoiselles seulement se trouvaient dans cette communauté à l’époque de sa fondation : c’étaient Delles Aurélie Caouette (ma cousine), Supérieure, Euphrasie Caouette, Sophie Raymond et Mary Hamilton; aujourd’hui elle possède plus de vingt professes. Je fut le premier qui ait servi la messe dans leur chapelle; je remplis cette charge durant deux années entières.

Le 15 octobre 1861, son ami, Aurèle Chabot, décéda. Le 17 avril 1862, la ville fut inondée par un débordement de la rivière Yamaska. Plus tard en 1862, un autre de ses amis, Louis Bilodeau, mourut de consomption. Au cours de l’été 1862, pendant les vacances, il entreprit avec l’abbé P.O. Allaire, un prêtre du collège, une grande excursion en chaloupe. Ce voyage dura un mois durant lequel ils parcoururent plus de 160 kilomètres et visitèrent plus de 30 paroisses. C’était une chaloupe à deux mats avec de grandes voiles qui avait été construite par un charpentier de Montréal. Ils partirent de Beloeil, navigant sur le Richelieu jusqu’à Sorel et de là, par le Saint-Laurent, jusqu’au Sault-au-Récollet, à Montréal. À leur retour par le Saint-Laurent, ils allèrent jusqu’à l’embouchure de la rivière Saint-François qu’ils remontèrent jusqu’à Pierreville. Puis ils revinrent par le Saint-Laurent et le Richelieu.

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