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La biographie de Jérôme-Adolphe Chicoyne – Épisode 4

Dans ce 4e épisode de la biographie de Jérôme-Adolphe Chicoyne, on complète aujourd’hui ses mémoires de jeunesse durant les années 1860.

Cette série est tirée du livre de Denis Beaulieu:  »Jérôme-Adolphe Chicoyne, avocat, journaliste. agent d’immigration et de colonisation, entrepreneur, développeur, maire, député ».

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Temps de lecture estimé – 10 minutes

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En septembre 1862, J.A. Chicoyne entra en Belles-Lettres. Cette année-là, il y eut des élections et c’est à partir de ce moment qu’il reçut la piqure de la politique. Il assista à plusieurs assemblées publiques et entendit les discours des différents partis politiques, ce qui l’amena à prendre pour le Parti conservateur, auquel il demeurera toujours fidèle.

En septembre 1863, il entra en Rhétorique, mais au mois de mai, avant la fin des classes, il dut arrêter ses cours à cause d’une indisposition qui l’obligea à prendre quatre mois de vacances. Durant les vacances, il commença à songer sérieusement à la carrière qu’il devrait prendre. C’est à ce moment qu’il décida de choisir la profession d’avocat. Dès le mois d’août : Je m’adressai à Me Auguste Papineau, et obtins une place à son bureau, que je commençai à suivre sans brevet le 9 août 1864. Le premier livre qui me tomba sous la main fut un des énormes in-folio de Domat. Le 5 septembre j’étais admis à l’étude de la Loi devant le Bureau des Examinateurs, à Montréal, et le 8 septembre 1864 je passais brevêt sous M. Papineau, avec l’entente que je terminerais mon cours d’étude, n’étant tenu à venir au bureau que les jours de congé.

Certificat attestant l’admission de J.A Chicoyne à l’étude de la profession d’avocat[i]

En septembre 1864, il entreprit sa première année de Philosophie. Durant cette année, il dût faire deux retraites fermées au cours desquelles les Pères l’incitèrent grandement à quitter le monde et à devenir religieux ou prêtre. À chaque fois, il disait qu’il ne se sentait pas appelé à une telle vocation.

Dans le cours de cette année scolaire, il travailla à la rédaction de certains petits journaux publiés en manuscrit. C’est là qu’il développa son goût pour l’écriture et le journalisme.

Sa classe de mathématiques, en 1864-65[ii] – (J.A. Chicoyne, 1er à gauche, 2e rangée)

Ayant terminé ses cours au mois de mai, il continua son stage de formation au bureau des avocats Papineau et Morin qu’il quitta pour aller chez Chagnon, Sicotte & Lanctôt, un autre bureau d’avocats qui avaient les mêmes idées politiques que lui. C’est aussi à cette époque qu’il se lia d’amitié avec Ls.-G. Gladu, le rédacteur du journal Le Courrier de Saint-Hyacinthe. Sous les conseils de Ls.-G. Gladu, il publia un grand nombre d’articles dans le Courrier et même après qu’il fut retourné au collège, en septembre 1865, pour sa dernière année de Philosophie. Au mois d’octobre, son meilleur ami, Hector Gaboury, décéda. J.A. Chicoyne écrivit dans ses mémoires : Son trépas fut pour moi l’occasion d’une douleur telle que je n’en avais encore ressentie. De même âge, de même caractère, ayant les mêmes aptitudes, les mêmes principes, nous étions liés ensemble comme deux frères; nous nous aimions comme deux frères; et le départ de l’un de nous fut aussi cruel à l’autre qui s’il eut perdu son propre frère.

Pendant plusieurs jours je fus inconsolable, et la religion seule a pu me faire endurer, sans découragement, la perte de cet autre moi-même. …

La tristesse causée par cette mort ne contribua pas pour peu à l’événement dont je vais m’occuper au chapitre suivant.

En effet, sur les sollicitations du Père Royer et celles de son ami, Ls.-G. Gladu, qui voulait se faire religieux et suite au décès de son meilleur ami, il finit par accepter d’aller au noviciat des Oblats de Marie-Immaculée, à Montréal. Le 17 décembre, ce fut la prise d’habit de J.A. Chicoyne et de Ls.-G. Gladu. Toutefois, au printemps, en mai 1866, n’en pouvant plus de vivre une vie de réclusion, il quitta le noviciat et revint à Saint-Hyacinthe pour terminer sa dernière année de Philosophie. Après avoir réussi ses examens, le 3 juillet, il quitta le collège définitivement et se consacra à l’étude de la loi.

Son ami Ls.-G. Gladu[iii]

En terminant ses mémoires, J.A. Chicoyne écrit : Comme je commence aujourd’hui même à tenir un « Journal », je vais couronner cet ouvrage en y mettant fin sans plus de cérémonie.

Saint-Hyacinthe, 31 juillet 1866.

Note attestant que Jérôme-Adolphe a terminé avec succès son cours classique[iv]

À la lecture des mémoires de J.A. Chicoyne, il y a quelques éléments qui méritent des explications particulières.

Un des éléments qui me surprend beaucoup est le peu d’informations que J.A. Chicoyne donna au sujet de sa famille.

Il nomma son père et sa mère, mais rien de plus. Il ne nous dit nullement les noms de ses frères et de ses sœurs, sauf une fois ou deux où il parla de son frère Joseph et de son frère Alfred. Pourtant on sait que la famille Chicoyne comptait dix enfants, incluant Jérôme-Adolphe. Il ne dit rien concernant la période où ses parents semblent avoir émigré aux États-Unis, puis revinrent au Canada.

Comme il le dit lui-même, à l’âge de trois ans, il alla vivre avec son oncle Joseph Charbonneau et sa tante Josephte Chicoyne. Cette séparation d’avec sa famille explique peut-être l’absence de souvenirs et d’informations concernant sa famille proche. Il ne nous parla pas non plus de son oncle et de sa tante et de leur déménagement à Saint-Hyacinthe, sur la rue Girouard.

Son voyage aux États-Unis et cette expérience américaine durent le marquer profondément car, comme on le verra plus tard, J.A. Chicoyne se donna comme mission de travailler au rapatriement des Canadiens français émigrés aux États-Unis et, à l’assemblée législative, ce fut un sujet qui le préoccupa pendant longtemps.

Dans ses mémoires, J.A. Chicoyne mentionne la fondation du monastère des Sœurs du Précieux-Sang de Saint-Hyacinthe, le 14 septembre 1861, dont la fondatrice, Aurélie Caouette, se trouvait être sa cousine. Plus tard, on verra qu’il fit don de sa maison de Sherbrooke aux Sœurs du Précieux-Sang, sûrement à cause de ce lien de parenté avec la Supérieure.

J.A. Chicoyne (à droite), et un des ses amis[v]

On constate que J.A. Chicoyne s’intéressa dès 1864 au journalisme en travaillant à quelques petits journaux du Collège. L’année suivante, il écrivit des articles avec son ami Ls.-G. Gladu, le rédacteur du Courrier à Saint-Hyacinthe. À partir de ce moment, il ne cessa d’écrire pour les journaux et ce jusqu’à son décès en 1910. Il fut rédacteur, directeur, puis propriétaire du journal Le Pionnier de Sherbrooke. Le journalisme fut un domaine d’activité important pour J.A. Chicoyne.

Un autre domaine qui intéressa J.A. Chicoyne dès 1863, lorsqu’il débuta ses Belles-Lettres, fut la politique. C’est à ce moment qu’il commença à défendre les idées et les principes du Parti conservateur, les « bleus ». Il fut toujours fidèle à ce parti politique et il mourut conservateur. Lorsqu’il se fâchait, J.A. Chicoyne ne devenait pas « rouge », mais « bleu » … Comme nous le verrons plus loin, J.A. Chicoyne fut maire de différentes municipalités, puis député du comté de Wolfe.

Comme nous pouvons le constater, c’est bien au Collège de Saint-Hyacinthe que J.A. Chicoyne développa son goût et ses talents pour les professions d’avocat, de journaliste et de politicien. Il aurait bien aimé être un homme d’affaires important, cependant il n’avait ni les talents, ni les aptitudes nécessaires. Certains de ses projets n’aboutirent pas comme il l’espérait.

À la fin de ses mémoires, il parle de son Journal. Effectivement, nous avons retrouvé dans son fonds d’archives, au Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, un document d’une trentaine de pages, portant le titre Journal et relatant les faits qui se sont déroulés au cours de la période 1866-1870. C’est ce document que nous allons maintenant voir.

Ndlr : Ce sera le sujet principal du prochain épisode qui racontera les débuts de sa carrière.


[i] Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds Jérôme-Adolphe Chicoyne : CH008/000/000/016/026 : Certificat attestant l’admission de Jérôme-Adolphe Chicoyne à l’étude de la profession d’avocat.

[ii] Andrée Benoît et Richard Flibotte, collection privée, Saint-Hyacinthe. (Photo tirée de l’album personnel de J.A. Chicoyne, p. 38).

[iii] Andrée Benoît et Richard Flibotte, collection privée, Saint-Hyacinthe, (Photo tirée de l’album personnel de J.A. Chicoyne, p. 8).

[iv] Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds Jérôme-Adolphe Chicoyne : CH008/000/000/016/027 : Note attestant que Jérôme-Adolphe Chicoyne a terminé avec succès son cours classique.

[v] Andrée Benoît et Richard Flibotte, collection privée, Saint-Hyacinthe, (Photo tirée de l’album personnel de J.A. Chicoyne, p. 37).

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