Après avoir quitté son rôle d’agent de colonisation dans l’épisode précédent, J.A. Chicoyne s’installe donc à Sherbrooke en 1879 pour poursuivre de nouveaux projets. Il deviendra éventuellement maire de Sherbrooke.
Cette série est tirée du livre de Denis Beaulieu: »Jérôme-Adolphe Chicoyne, avocat, journaliste, agent d’immigration et de colonisation, entrepreneur, développeur, maire, député ».
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CHAPITRE 4 – 1880-1886, SES PROJETS D’AFFAIRES ET DE DÉVELOPPEMENT
La période de 1880 à 1886 fut très emballante pour J.A. Chicoyne : élaboration de projets, voyages, organisation, promotion et publicité, rencontres d’une foule de gens, etc. J.A. Chicoyne se sentait à l’aise dans ce genre de vie. Mais cette même période fut aussi très décevante : problèmes financiers dans ses projets, responsabilités d’affaires et finalement, trahison de ses « compagnons d’armes », comme il dit. Les deux projets auxquels il consacra six années de travail, n’ont pu réussir à s’implanter définitivement : la Trappe de Bethléem dura à peine deux ans et la Compagnie nantaise fut sur le bord de la faillite, en 1886. De plus, tout au long de cette période, sa femme, Caroline, et sa fille, Émélie, durent, elles aussi, traverser une période très difficile en l’absence du mari et du père.
On se souvient qu’en 1879, J.A. Chicoyne s’installa à Sherbrooke, laissant sa femme et sa fille à La Patrie. À son retour de son premier voyage en Europe, en novembre 1880, la famille était encore à La Patrie, à la « villa Bellevue », mais pas pour longtemps.
Le 24 décembre 1880, chez le notaire Élisée Noël de Sherbrooke, son ami, J.A. Chicoyne acheta de George Croshère, un bourgeois rentier de Sherbrooke, le lot 196, avec des bâtisses dessus, pour la somme de 600 piastres, payable en dix-huit mois avec intérêt de neuf pour cent par année dont G. Croshère garda l’hypothèque jusqu’au paiement final[i]. Cette maison était située au 33, rue Grove[ii], maintenant la rue de la Cathédrale, juste à l’arrière du couvent Mont Notre-Dame. La famille demeura sur la rue Grove du début de l’année 1881 jusqu’à ce qu’elle déménage dans la nouvelle bâtisse de la rue Marquette, en 1888. Voici une photographie, prise en 2011, de la maison du 33, rue Grove.

Maison du 33, rue Grove à Sherbrooke, 2011. Source: Denis Beaulieu.[iii]
Le sixième enfant Chicoyne né, le 13 octobre 1881, fut baptisé à la cathédrale de Sherbrooke et reçut le nom d’Augustin. Dix mois plus tard, toujours à Sherbrooke, Augustin décéda, le 26 août 1882. La cérémonie de sépulture eut lieu aussi à la cathédrale. Suite au décès d’Augustin, en 1882, nous retrouvons la petite Émélie, pensionnaire chez les Ursulines, au couvent de Stanstead. Nous avons retrouvé certaines de ses lettres à sa mère et à son père, qui demeuraient toujours à Sherbrooke.
Lorsque J.A. Chicoyne s’occupa de la Trappe de La Patrie et de la Compagnie nantaise, de 1880 à 1886, il voyageait de Sherbrooke à La Patrie, Woburn et Mégantic, venant de temps à autre voir sa femme et sa fille. Donc, pendant plus de six ans, la famille dût vivre les absences prolongées du père. Ce ne sera qu’en 1886 que toute la famille sera de nouveau réunie.
Le 3 août 1881, J.A. Chicoyne acheta un terrain situé dans la partie nord du lot numéro un du premier rang du canton de Marston, de six acres de superficie, pour la somme de 264 piastres. Mais aucune bâtisse ou maison n’y était encore construite[iv]. Le 12 juin 1885, chez le notaire Joseph Thibodeau du village de Mégantic, il acheta de Jules Dubois, cultivateur du canton de Marston, pour la somme de 275 piastres, payée comptant, un certain lopin de terre à distraire de la ferme appelée Lourdes, la dite ferme comprenant la moitié nord du lot numéro un du premier rang de Marston susdit, le dit lopin de terre présentement vendu, mesurant une superficie de trois acres de terre, au coin nord-est du dit demi lot sur la rive du lac Mégantic ayant une profondeur d’un acre et demi sur la largeur d’un acre et demi avec les bâtisses et améliorations dessus …[v]. C’est cet emplacement que Gaston Deschênes appelle «la villa de Mégantic». Mais rien ne nous indique qu’il y déménagea la famille.
Entre 1881 et 1885, J.A. Chicoyne, lorsqu’il était à Mégantic pour les affaires de la Compagnie nantaise, résidait sûrement dans une maison de la compagnie puisqu’il n’acheta pas d’autre résidence à cet endroit.
En 1880, comme il le prévoyait, J.A. Chicoyne se rendit en Europe, en tant que représentant de la Société de Colonisation de Sherbrooke, la société de Mgr Antoine Racine. Son voyage dura quatre mois, du début du mois de juillet à la fin du mois d’octobre. Il donna des conférences en Angleterre, en Belgique, en Suisse, en Italie et en France.
C’est en France qu’il réussit à rencontrer plusieurs personnes qui réalisèrent, par la suite, deux grands établissements dans la région des Cantons-de-l’Est : la Trappe de Bethléem, à La Patrie et La Compagnie de Colonisation et de Crédit des Cantons de l’Est, à Woburn et Mégantic. Sans en faire un historique exhaustif, voici les grandes lignes de ces deux établissements dans lesquels J.A. Chicoyne joua un rôle majeur.
Ndlr: C’est ce que nous verrons dans les quelques prochains épisodes.

La malle de voyage de J.A. Chicoyne. Source: Denis Beaulieu 2011, Collection Andrée Benoît et Richard Flibotte, Saint-Hyacinthe.
[i] BUREAU DE LA PUBLICITÉ DES DROITS, Contrats # 46 RB, 24 décembre 1880, Circonscription foncière de Sherbrooke, Sherbrooke.
[ii] EASTERN TOWNSHIPS DIRECTORY, 1882, p. 103.
[iii] Denis Beaulieu. 2011. Collection Andrée Benoît et Richard Flibotte. Saint-Hyacinthe.
[iv] BUREAU DE LA PUBLICITÉ DES DROITS, Contrats # 6098 RB, 3 août 1881, Circonscription foncière de Compton, Cookshire.
[v] BUREAU DE LA PUBLICITÉ DES DROITS. Contrat # 9556 RB, 12 juin 1885, Circonscription foncière de Compton, Cookshire.
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