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Qui était Gisèle Langlois-Martel ?

Hier était le jour du quatrième anniversaire du décès de Gisèle Langlois-Martel. Le 16 janvier 2020, à quelques semaines du début de la pandémie, elle nous quittait à l’âge de 94 ans. Revenons sur sa contribution qui s’est étalée sur une trentaine d’années.

Madame Langlois-Martel avait été une pionnière de la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est (SGCE). Son numéro de membre en atteste (#0137). La salle informatique de la Société porte aujourd’hui son nom et ce n’est pas un hasard tellement son rôle à l’informatisation des données a été significatif comme l’article plus bas qui lui rend hommage l’indiquera.

Elle a été présidente de la SGCE à deux reprises pendant plusieurs années. Tout d’abord, de 1988 à 1991 et ensuite de 1992 à 1997. Avant cette époque et par la suite, elle a persévéré dans ses activités de recherche.

En 2009, à l’occasion des fêtes du 40e anniversaire de la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est, on avait demandé à tous les anciens présidents encore vivants de donner leur impression sur le chemin parcouru par la Société au fil des années. Elle écrivait alors :

 »Comment peut-on résumer dans quelques lignes le parcours de cette Société qui a débuté de façon artisanale en traversant des épreuves, mais qui connaît des miracles pour en arriver à un résultat aussi spectaculaire. J’ai eu la chance de côtoyer plusieurs personnages tout au long de ces 40 ans et je n’ai que de l’admiration du travail accompli avec tant de persévérance pour obtenir une bibliothèque si bien garnie mise à la disposition des chercheurs. »

(…)

 »Mes recherches personnelles en généalogie ont démontré une nécessité de considérer les Cantons-de-l’Est comme une plaque tournante, les catholiques et non-catholiques ayant habité dans un même secteur, sont souvent introuvables s’ils ne sont pas indexés, Il y a donc toujours un intérêt pour ces informations. De multiples réponses se trouvent cachées dans le travail que j’effectue présentement et les nombreuses saisies des données ont permis de produire des publications utiles aux chercheurs. Présentement je m’applique à compléter les registres de la Ville de Sherbrooke. »

Jusqu’à la fin de sa vie, même après s’être retirée de rôles d’élue au sein de la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est, elle continuait ses travaux en généalogie, et bien au-delà des données liées à sa propre famille.

Pierre tombale de la famille Langlois-Martel au cimetière Saint-Michel de Sherbrooke. Gisèle Langlois-Martel (1925-2020) et son époux Jean-Louis Martel (1927-2012). Photo: L’Entraide numérique.

Dans un article datant également de 2009, Madame Ginette Arguin, ancienne présidente de 2006 à 2010, après le passage de Madame Langlois-Martel, avait ses pensées sur la contribution de celle qui l’avait précédé plusieurs années auparavant:

 »Tout au long de ses mandats et même bien après la fin de son rôle d’élue, elle a supervisé de multiples comités et vérifié un nombre incalculable de saisies de données. Elle s’est aussi démarquée par sa patience et sa délicatesse, qualités essentielles pour amener des gens non motivés à s’impliquer dans des tâches inhabituelles. On n’a qu’à penser au projet gouvernemental Insertion au travail pour réaliser à quel point son talent fut à la hauteur. Elle a également participé à la réalisation de trente de nos publications, toujours soucieuse d’obtenir à temps les numéros de code ISBN et le meilleur prix à débourser pour l’impression de nos revues. Elle a également fait partie de l’équipe de bénévoles qui ont effectué de la saisie de données au Palais de Justice de Sherbrooke. »

Son rôle de pionnière ne s’est pas arrêté à la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est. Son rôle a été également marquant dans l’Association des Langlois d’Amérique et ce, dès sa fondation en 1983. Elle en est devenue membre honoraire en 2017, peu avant son décès, la deuxième à recevoir cet honneur depuis la fondation de l’organisation. L’autre récipiendaire était nul autre que Michel Langlois, généalogiste officiel des familles Langlois et fondateur de l’Association.

L’article qui suit qui lui rend hommage a été écrit par Jean-T. Turcotte en 2009, soit plusieurs années après que Madame Langlois-Martel ait pris sa retraite. On verra que l’article revient sur sa vie et sur les nombreux changements pendant toutes ces années qui n’étaient pas évidents à l’époque, au moment où l’avènement de l’informatique venait bousculer nos façons de faire les choses pour documenter notre passé.

Introduction par Guy Boulanger

Temps de lecture estimé – 17 minutes

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Gisèle Langlois-Martel m’a reçu chez elle, par un bel après-midi de juin, dans sa maison de la rue Heneker à Sherbrooke. Elle m’attendait un peu anxieuse, ayant cessé depuis plusieurs années d’occuper le devant de la scène. Je devais faire une rencontre inoubliable, avec une femme d’action et une pionnière. À mon arrivée, elle tenait à me faire connaître le cœur de sa vie et m’a montré une photo de famille avec ses 5 enfants : 4 garçons et 1 fille dont elle est très fière. Elle a aussi 7 petits-enfants et 4 arrière-petits-enfants.

Née à Sherbrooke, elle a réalisé une 12e année en secrétariat anglais et français et a gagné sa vie comme photographe professionnelle et comme couturière en haute couture, à Sherbrooke. C’est pour comprendre ses enfants lors de discussions en famille, particulièrement en informatique, qu’elle est allée chercher une formation spécialisée sur des sujets se rapportant aux ordinateurs.

Cet intérêt pour l’informatique n’était pas courant à l’époque dans les années 80 pour les femmes de sa génération. Cette passion pour l’informatique allait être mise au service de la généalogie.

Elle fait son entrée à la SGCE en 1970, alors que la SGCE a été fondée le 12 novembre 1968 par 10 membres fondateurs. En 1978, la SGCE pouvait réunir 300 membres et on y retrouvait 1000 volumes dans sa bibliothèque, située au sous-sol de l’église St Jean-de-Brébeuf. La cotisation annuelle était de $5.00 et les membres de la SGCE, grâce à leur zèle et à leur dévouement, avaient déjà publié 11 répertoires de comtés comprenant 181 paroisses, de leur fondation jusqu’en 1970.

Dès 1982, suite à un projet des Archives nationales du Québec et du fait de sa connaissance de l’anglais, Mme Langlois s’est donné pour mission de relever les baptêmes, mariages et sépultures des dénominations religieuses non-catholiques du district St-François, sous la guidance de M. Sauveur Talbot. Cela mènera aux publications #9, #10, #11 de notre société, publications toujours disponibles pour la vente à notre bibliothèque. La dernière partie sera publiée en 1991 grâce à une subvention du gouvernement fédéral.

Son arrivée à la SGCE coïncide avec une quête personnelle, soit de retrouver les origines de son arrière-grand-père, Louis-Joseph Langlois. À l’époque, les outils de recherche sont rudimentaires, les répertoires peu nombreux, et l’informatique inexistante. Elle utilise les dictionnaires de l’abbé Tanguay et Drouin et fait des recherches dans les registres paroissiaux qui sont encore accessibles à cette époque. Bientôt, elle fera la rencontre de Michel Langlois, historien et écrivain, avec qui elle se lie d’amitié et participe à la fondation de l’Association des Langlois d’Amérique en 1983. En 1984, a lieu le 1er rassemblement des Langlois d’Amérique où environ 1000 personnes participent à Beauport, et avec l’aide de sa fille Solange elle produit une exposition de 60 tableaux de généalogie concernant les Langlois du Québec, des États-Unis, de France et des Iles Jersey et Guernesey.

Elle poursuit son œuvre en étant la secrétaire archiviste de cette organisation, de 1985 à 1995. En 1989, elle préside et organise le congrès des familles souches québécoises en Estrie. En 1988-89, son 1er mandat comme présidente de la SGCE coïncide avec les fêtes du 20e anniversaire de la SGCE qu’elle organise et préside. La SGCE est fière de ses 3000 livres que compte alors sa bibliothèque. On lance un concours pour encourager la rédaction et la publication d’œuvres en généalogie. Le prix Raymond-Lambert est lancé et se poursuivra d’année en année jusqu’à aujourd’hui. Une exposition de travaux de généalogie des membres est organisée au Centre récréatif et communautaire de la Ville de Sherbrooke, rue Kitchener, nouveau local de la SGCE, puisque la société est reconnue officiellement comme un organisme culturel par la Ville de Sherbrooke depuis 1984.

Les activités de la SGCE et de sa présidente sont remarquées et Mme Langlois est déléguée à 2 reprises par le ministère des affaires culturelles du Québec au Festival sans frontières (open borders) à Lincoln et à Manchester au New Hampshire en 1991 et 1992. En 1993, elle est déléguée par la Fédération québécoise des Sociétés de généalogie (FGSG) au New England Regional Genealogic Conference à Sturbridge Mass., puis à Toronto et Gaspé.

Elle accepte un 2e mandat à la présidence de la SGCE de 1992 à 1996, et en 1994 elle organise et préside les fêtes du 25e anniversaire de la fondation de la SGCE, pour lesquelles elle prépare une exposition intitulée : « Ma généalogie, une histoire à découvrir », où ses tableaux expliquent simplement comment préparer une généalogie à partir des travaux de l’abbé Tanguay.

Madame Gisèle Langlois-Martel. Elle fut présidente de la SGCE à deux reprises. Dans un premier temps, de 1988 à 1991, et ensuite de 1992 à 1997. (Photo : SGCE)

Elle ira en France à 2 reprises en 1995 pour y présenter cette exposition à la demande de la chambre de commerce de Poitiers et de Bourges. Au cours de ce 2e mandat, elle saura relever un défi de taille, soit le recrutement d’une importante équipe de bénévoles pour relever les données de baptêmes, de mariages et de sépultures, au Palais de Justice de Sherbrooke avant que ces registres ne soient transférés à Montréal, suite à une refonte du code civil adopté le 8 décembre 1991 et qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 1994, ce qui a mis un terme à une source importante de données en généalogie.

Elle dirigera une équipe de 54 bénévoles, formés de membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et d’employés payés par divers programmes provinciaux et fédéraux, qu’elle a pu obtenir. Les données relevées à la main au Palais de Justice étaient recopiées sur son ordinateur portatif grâce à un logiciel GPR (généalogie pour répertoire), à partir de ce qu’on a appelé le CLASSEUR BLANC qui pourrait compter plus de 500 000 fiches. Elle organise de plus le déménagement de la SGCE à son nouveau local situé au 275, Dufferin, dans l’édifice historique occupé par la Société d’histoire de Sherbrooke, en 1992.

Elle se retire de la SGCE en 1997, mais demeure toujours très active en généalogie. En 2000-2001, elle publie 2 répertoires de baptêmes, mariages et sépultures des paroisses de Ste-Catherine et Ste-Élisabeth de Hatley et de Sacré-Cœur de Stanstead dont elle a cédé les droits à la SGCE.

Présentement, elle termine le relevé des données des paroisses anglophones de St. Peter à Sherbrooke, St-Luc à Magog, St-Georges United de Lennoxville. Elle complète des généalogies de famille, et participe à des règlements de succession. Elle et son mari M. Martel, poursuivent la transcription du CLASSEUR BLANC et le transmettent à M. Pierre Connolly pour fusion dans le fichier Connolly, base de données immense où l’on retrouve plus de 3 millions d’entrées, accessibles pour les membres de la SGCE via le portail de la FQSG et sur le site Web Mes aïeux. (ndlr: disponible aussi de nos jours à travers les bases de données de Généalogie Québec).

Membre gouverneur et émérite de la SGCE, Mme Gisèle Langlois-Martel peut être fière de ses réalisations. Grâce à elle et à ses bénévoles, la recherche en généalogie est devenue plus facile. Elle fait partie de ces pionniers qui ont permis de rendre accessibles les recherches en généalogie à Sherbrooke et dans les Cantons-de-l’Est.

Généalogie de la lignée paternelle de Gisèle Langlois-Martel.

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L’introduction et la mise en contexte de l’article sont de Guy Boulanger.

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