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La biographie de Jérôme-Adolphe Chicoyne – Épisode 24

Dans ce 24e épisode de la biographie de J.A. Chicoyne, avant de raconter en détail sa nouvelle carrière de député provincial du comté de Wolfe, on s’arrête sur la célèbre histoire du Pin Solitaire sur la rivière Saint-François à Sherbrooke, telle que racontée dans le journal de l’époque, Le Pionnier, et suite aux recherches effectuées par J.A. Chicoyne. Le journal La Tribune ne verra le jour qu’en 1910.

Cette série est tirée du livre de Denis Beaulieu:  »Jérôme-Adolphe Chicoyne, avocat, journaliste, agent d’immigration et de colonisation, entrepreneur, développeur, maire, député ». Elle compte 31 épisodes, échelonnés jusqu’à la fin du mois d’avril.

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Temps de lecture estimé – 14 minutes

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SON HISTOIRE DU ROCHER  AU PIN

En 2008, lorsque j’ai consulté le fonds d’archives Jérôme-Adolphe-Chicoyne, au Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, j’y ai trouvé, dans le dossier CH008/000/000/028 qui couvre la période 1887-1891, un document de deux pages, écrit de la main même de J.A. Chicoyne, qui concerne directement l’îlot et le Pin solitaire de Sherbrooke. Ce document contient aussi un article paru dans le journal Le Pionnier, le 13 novembre 1891.

Le manuscrit nous décrit la tradition orale que J.A. Chicoyne a retrouvée et l’article nous relate pourquoi cette recherche avait été faite et les principales actions entreprises pour vérifier cette tradition. Voici la transcription du manuscrit[1] et la copie de l’article en question[2].

Le Pin solitaire[3]

Une question historique

Dans les documents sessionnels d’Ottawa, 48 Victoria (sessionnal papers No 3) A 1885, page 28, version anglaise, on lit ce qui suit tiré du rapport d’Henri Vassal, agent des sauvages à St-François :

‘’Tradition relates that a great battle was fought on an island situated at the entrance of this branch of the river, between the Iroquois and the Abenaquis. It was proposed that the battle should be fought in single combat, each side to be represented by one of its own warriors. They were to run around a pin tree, which was on this island, and the victor in the race would have the right to kill his adversary, which would decide the victory between the two nations. The Abenaquis was the victor, and the name of his tribe, in the Iroquois language, was given to this river’’.

Il est désirable de connaître vers quelle année cette rencontre eut lieu.

Comme cet événement constitue la première page des annales de Sherbrooke, il importerait d’avoir plus de détails et de consigner tout ce que la légende rapporte à part ce qui est mentionné par M. Lasalle (sic).

L’article suivant a paru dans le Pionnier du 13 novembre 1891.

N.B. Une section de l’une des branches du pin sera transmis à l’abbé Provencher pour en faire déterminer l’âge.

À la page suivante, nous retrouvons cet article du Pionnier.

Article paru dans le journal Le Pionnier du 13 novembre 1891.

À l’annexe 3, nous retrouvons le texte du rapport de l’agent H. Vassal, de 1885. Pour retrouver ce document, il nous a fallu une semaine de recherches et grâce à l’aide du personnel du bureau régional de Bibliothèque et Archives nationales du Québec qui a fouillé les index informatisés et les documents numérisés, nous avons pu le retrouver. De plus, nous savions ce que nous cherchions. Alors, comment J.A. Chicoyne, qui n’avait pas d’ordinateur, ni de service internet, ni de service d’archives, a-t-il pu retrouver ce document ? Moi, je dirais, comme on dit chez nous : « J.A. Chicoyne était un moyen fouilleux ! ». C’est sûr qu’il était un fervent amateur d’histoire et avec la célébration du centenaire de 1892 qui arrivait, il a dû se forcer pour trouver un fait marquant et important pour l’histoire de Sherbrooke.

C’est donc depuis cette date que nous connaissons l’histoire de l’îlot du Pin solitaire. Mais il est à remarquer qu’à ce moment et à aucun autre moment, J.A. Chicoyne ne parle de « Mena’sen ». C’est Oscar Masse, en 1904, avec son roman Mena’sen qui introduit ce nom et une nouvelle légende entourant ce pin : celle de l’amant qui enterra sa bien-aimée sur l’îlot et y planta un pin.

Au cours des années suivantes, J.A. Chicoyne continua de rechercher les détails de cette tradition orale des Abénaquis. Dans un article publié dans le Bulletin des Recherches Historiques de Québec, en août 1897, il nous donna quelques détails supplémentaires tout en reprenant ce qu’il avait rapporté en 1891. À la deuxième partie, dans ses écrits, au document # 6, nous retrouvons ce texte. Il faut dire ici que J.A. Chicoyne écrivit cet article à la suite d’une question qui avait été posée par un certain « Lév. », dans le numéro du mois de mai précédent[4] :

320 – Bouchette, dans sa ‘’Topographie du Canada’’, dit que dans la rivière St-François il y avait un rocher très élevé sur le sommet duquel était un pin solitaire, d’une forte dimension, qui offrait à la fois un spectacle extraordinaire et unique.

Pouvez-vous me dire où se trouvait ce rocher ? Ce pin existe-t-il encore ?     Lév.

C’est donc à cette question que J.A. Chicoyne qui lisait, de toute évidence, le Bulletin des Recherches Historiques, s’appliqua à répondre. Il faut se rappeler qu’en 1897, J.A. Chicoyne était député à Québec, donc tout près des grandes bibliothèques où il aimait faire des recherches sur tout ce qui pouvait l’intéresser et sur l’histoire en particulier. Quelque temps plus tard, il reprit cet article et le publia, intégralement, dans le journal Le Pionnier de Sherbrooke.

Le Pin solitaire fut abattu par une tempête le 23 novembre 1913. Aujourd’hui, sur l’îlot, au milieu de la rivière Saint-François, nous retrouvons une croix de fer, propriété de la Société Saint-Jean-Baptiste de Sherbrooke, qui nous rappelle encore les débuts de l’histoire de Sherbrooke.

Le Pin solitaire[5]

L’îlot et la croix de fer[6]


[1] CENTRE D’HISTOIRE DE SAINT-HYACINTHE. Fonds Jérôme-Adolphe-Chicoyne : CH008/000/000/028 : Manuscrit de J.A. Chicoyne : Une question historique, 2 p.

[2] Le Pionnier, Sherbrooke, Au temps jadis, 13 novembre 1891, 1 p.

[3] Collection du Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke, SS-477.

[4] Bulletin des Recherches historiques, Québec, 3ème volume, Mai 1897, 5ème livraison, p. 80.

[5] Collection du Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke, SS-478.

[6] Denis Beaulieu. 2010.

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Dans le prochain épisode, nous raconterons les débuts de J.A. Chicoyne comme député provincial du comté de Wolfe. Il y sera député au cours de trois mandats consécutifs entre 1892 et 1904. Le comté fut créé sous ce nom en 1890. Il en sera donc le deuxième député. Depuis 1855, ce comté était connu sous le nom de Richmond-Wolfe et a même brièvement porté le nom de Sherbrooke-Wolfe avant cette date.

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