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La biographie de Jérôme-Adolphe Chicoyne – Épisode 27

Dans cet épisode #27, nous racontons les années de J.A. Chicoyne comme député provincial du comté de Wolfe au cours de son troisième et dernier mandat. Il y sera député au cours de trois mandats consécutifs entre 1892 et 1904.

Cette série est tirée du livre de Denis Beaulieu:  »Jérôme-Adolphe Chicoyne, avocat, journaliste, agent d’immigration et de colonisation, entrepreneur, développeur, maire, député ». Elle compte 31 épisodes, échelonnés jusqu’à la fin du mois d’avril.

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SON TROISIÈME MANDAT

Aux élections générales du 7 décembre 1900, le Parti libéral fit élire 67 candidats avec 53 % des votes, dont 35 le furent par acclamation, et le Parti conservateur, seulement sept candidats avec 42 % des votes.

Dans le comté de Wolfe, J.A. Chicoyne remporta la victoire sur son adversaire libéral, mais seulement par seize votes de majorité : 1 246 votes allèrent à J.A. Chicoyne et 1 230 au libéral J.-H. Bourget. Les municipalités qui supportèrent J.A. Chicoyne furent Ham-Sud, St-Camille, Wotton, Dudswell, Marbleton, Saint-Julien, Saint-Fortunat et Saint-Adrien. Celles qui votèrent pour J.-H. Bourget furent Weedon, Lac Weedon, Saint-Gabriel, Disraeli, Ham-Nord, Beaulac, Garthby et Fecteau[1].

Jérôme-Adolphe Chicoyne, le député.[2]

Cette dixième législature s’ouvrit le 14 février 1901 et prit fin un peu moins de quatre ans plus tard, le 4 novembre 1904. Elle comporta quatre sessions de la Chambre, soit une par année, généralement d’une durée d’un mois, au mois de février ou de mars.

Dès l’ouverture de la première session, le 4 mars 1901 :

M. CHICOYNE propose un projet de loi intitulé : ‘’Loi concernant les sociétés coopératives’’. Ce bill a pour effet de faciliter l’organisation des sociétés coopératives parmi les diverses professions, particulièrement parmi les cultivateurs[3].

Le 14 mars, il présenta à nouveau son projet et le 19 mars, la Chambre reprit le débat sur le projet de loi de J.A. Chicoyne[4]. Malheureusement, J.A. Chicoyne n’a pu faire adopter son projet de loi avant la fin de la session. Au début de la session de février 1902, il revint à la charge avec un nouveau projet de loi et au mois de mars[5] :

M. Chicoyne, député de Wolfe, propose la seconde lecture de son projet de loi intitulé : Loi concernant les syndicats agricoles.

Le but de cette mesure, a dit le député de Wolfe, est d’encourager ou de développer l’esprit d’association et l’esprit d’initiative. Si l’on peut convaincre les cultivateurs qu’ils doivent unir leurs forces pour arriver au succès, nous aurons fait un grand pas dans la voie du progrès, car alors une foule d’industries agricoles seraient menées à bonne fin. Le principe de cette loi se trouve déjà dans nos statuts au chapitre des sociétés coopératives, telles que les sociétés de beurreries et de fromageries. Il n’y a dans cette législation aucune formalité dispendieuse; il s’agit tout simplement de s’adresser au conseil municipal.

Cette loi existe en France, mais il a fallu trois sessions pour la faire adopter.

Le projet de loi subit ensuite sa seconde lecture.

Voici une partie de l’article de Gaston Deschênes dans laquelle il décrit le travail de J.A. Chicoyne pour élaborer ses différents projets de loi et pour promouvoir la formule coopérative[6] :

Le législateur

C’est dans ce contexte, le 22 janvier 1900, que Chicoyne présente en première lecture le « bill » 81 intitulé « loi concernant les caisses rurales ». Après un long débat en deuxième lecture, le ministre de l’Agriculture et le Secrétaire de la province obtiennent que le « bill » soit étudié par un comité spécial. Le comité remet son rapport le 15 mars; après avoir écarté les doutes sur la constitutionnalité du projet de loi, il recommande que son adoption soit remise à la prochaine session afin de permettre un débat public. Chicoyne participe activement à ce débat. Ceux qui ont reçu copie de son projet de loi adressent des commentaires. On l’invite à prononcer des conférences.

À la session qui débute le 14 février 1901, Chicoyne arrive avec un projet transformé, fruit probable des consultations menées l’année précédente. Le 5 mars, il demande la permission de présenter le « bill » no 96, ‘’Loi concernant les sociétés coopératives’’. Ce « bill » élargit la portée du précédent : des coopératives de crédit, de production, de consommation et de vente pourront être formées en autant que chaque société soit composée ‘’de personnes appartenant à la même carrière, exerçant des métiers similaires et pouvant s’unir entre elles par l’identité des intérêts professionnels’’. Curieusement, il semble y avoir moins de débats sur ce projet; les journaux de l’époque n’ont retenu que le discours du parrain et celui du ministre de la Colonisation et des Mines, Adélard Turgeon, qui ‘’se déclare hostile à toute législation pour le moment’’.

Chicoyne obtient quand même que son « bill » soit étudié par un comité spécial. Le 20 mars, la Chambre commence l’étude des articles pour la suspendre peu après et renvoyer le « bill », sur proposition de Chicoyne, au comité de la législation et des lois expirantes. Ce dernier comité l’examine attentivement mais, à quelques jours de la prorogation, il estime qu’il est impossible d’en terminer l’étude.

Le précurseur

À la session de 1902, Chicoyne présente une solution de compromis, le « bill » 80, concernant ‘’les syndicats agricoles’’. Cette fois, le « bill » franchit les étapes de la procédure parlementaire sans problème. Sa portée est cependant réduite : les sociétés coopératives qu’il permet de former seront composées ‘’de personnes directement intéressées dans l’agriculture ou la colonisation, soit comme propriétaire, soit comme fermiers, soit comme domestiques ou ouvriers à gage / … /’’. Sanctionnée le 26 mars 1902, la loi des syndicats agricoles ne connaît qu’une brève existence; elle est remplacée, en 1906, par ‘’la loi des syndicats coopératifs’’. Cette dernière législation vise notamment à étendre à toute la population la possibilité de créer des coopératives, de revenir en somme au régime proposé par Chicoyne en 1901.

En dépit de son caractère éphémère, la loi des syndicats agricoles de 1902, garde toute son importance. Elle sert de base à la législation ultérieure et permet la création de plusieurs coopératives.

À sa dernière session, en 1904, J.A. Chicoyne, toujours assis dans un siège de l’opposition, étudiait soigneusement chaque dossier et répliquait d’un ton sûr, pratique et très autoritaire. Il se prononça sur la question des finances publiques, des sociétés de secours mutuels, du Conseil législatif et sur l’éternel question de la colonisation[7].

Le 4 novembre 1904, la Chambre fut dissoute et des élections générales furent décrétées pour le 25 novembre suivant. Le 7 novembre, dans le Courrier de St-Hyacinthe, J.A. Chicoyne qui était déjà rendu à La Providence, village voisin de Saint-Hyacinthe, adressa une lettre aux électeurs du comté de Wolfe afin de leur faire part de sa décision de se retirer de la vie politique et de ne pas briguer les suffrages lors des élections.

Messieurs,

La dissolution de la Chambre d’Assemblée vient mettre fin au mandat que vous m’aviez confié.

Je cesse d’être votre député et vous serez appelés, sans retard, à me choisir un successeur.

Si j’en juge d’après les renseignements qui m’arrivent, un mouvement serait tenté pour m’offrir la candidature et, afin de prévenir toutes démarches inutiles de la part d’amis dont je respecte le zèle et la bonne volonté, je m’empresse de vous informer que mon intention bien arrêtée est de ne pas briguer vos suffrages à l’élection qui aura lieu incessamment.

Je crois que cette ligne de conduite de ma part est pleinement justifiée par les circonstances et qu’on ne saurait me reprocher de faillir en l’adoptant.

Tout en prenant congé de vous, Messieurs, permettez-moi de vous remercier de l’appui cordial, sincère et désintéressé que j’ai reçu de vous en tant d’occasions.

/ … /

J.A. Chicoyne

La Providence, 7 Nov. 1904[8].

La vie politique de J.A. Chicoyne s’arrêta là.


[1] Journal des campagnes, 22 décembre 1900.

[2] Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Centre d’archives de Québec, Jérôme-Adolphe Chicoyne, J.A. Dumas. 31 octobre 1901, P1000, S4, D1, P11.

[3] Journal des campagnes, 9 mars 1901.

[4] Journal des campagnes, 23 mars 1901.

[5] Journal des campagnes, 7 mars 1902.

[6] DESCHÊNES, Gaston. Jérôme-Adolphe Chicoyne et le mouvement coopératif, Lévis, Revue Desjardins, 1983, p.11

[7] Le Canada, 25 mars 1904, 8 avril 1904, 23 avril 1904, 29 avril 1904 et 31 mai 1904.

[8] CENTRE D’HISTOIRE DE SAINT-HYACINTHE. Fonds Jérôme-Adolphe-Chicoyne : CH008/520/007/001 : Exemplaire du journal Le Courrier de St-Hyacinthe contenant un article sur la démission de J.A. Chicoyne à titre de député de Wolfe, 1 p.

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Dans le prochain épisode (#28), on raconte les dernières années de son journal Le Pionnier au début de ce nouveau siècle. Il disparaît de façon un peu mystérieuse. Le quotidien La Tribune verra ensuite le jour en 1910.

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