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La biographie de Jérôme-Adolphe Chicoyne – Épisode 28

Dans cet épisode #28, on raconte les dernières années de son journal Le Pionnier au début de ce nouveau siècle. Ce journal disparaît de façon un peu mystérieuse. Le quotidien La Tribune verra ensuite le jour en 1910.

Cette série est tirée du livre de Denis Beaulieu:  »Jérôme-Adolphe Chicoyne, avocat, journaliste, agent d’immigration et de colonisation, entrepreneur, développeur, maire, député ». Elle compte 31 épisodes, échelonnés jusqu’à la fin du mois d’avril.

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Temps de lecture estimé – 9 minutes

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SON JOURNAL LE PIONNIER ET SA MAISON DE SHERBROOKE

Au cours de la période où J.A. Chicoyne fut député du comté de Wolfe, il consacra la majorité de son temps à étudier ses dossiers, à préparer ses interventions en Chambre, à rencontrer ses électeurs, à donner des conférences, à rédiger, remanier et défendre ses projets de loi, de telle sorte qu’il n’avait pas beaucoup de temps à consacrer au journalisme et au journal Le Pionnier de Sherbrooke. Le journal connut de grandes difficultés. J.A. Chicoyne essaya de le réorienter, de le donner à bail et, même, de créer une nouvelle société avec Henri Bourassa et quelques autres personnes, mais en vain. En 1902, après qu’il en soit devenu le propriétaire, Le Pionnier de Sherbrooke cessa brusquement d’exister.

Voici ce que nous disent André Beaulieu et Jean Hamelin au sujet des dernières années du journal Le Pionnier[1] :

Le Pionnier connut beaucoup de succès jusqu’à la prise du pouvoir par les libéraux en 1896. À partir de cette date, il éprouve des difficultés d’adaptation tant au niveau politique qu’au niveau technologique. Il s’ensuit plusieurs réorganisations administratives. Aussi, le 26 avril 1901, on annonce que le Pionnier sera dorénavant édité à Montréal par la ‘’Société coopérative de publication’’ et qu’il sera un journal du dimanche. On diminue le format et les rédacteurs appuient Henri Bourassa qui commence ses luttes contre l’impérialisme anglais. En août, L.-G. Robillard acquiert la propriété du journal. Un malheureux procès avec un rédacteur de La Presse, J. Helbronner, l’amène à vendre son journal, en février 1902, à la Société coopérative du Pionnier dont les directeurs sont : Guillaume-Narcisse Ducharme, Henri Bourassa, Cyprien Gélinas, Jérôme-Adolphe Chicoyne, Télesphore-Eusèbe Normand.

Le Pionnier disparaît de façon mystérieuse. J.-A. Chicoyne l’achète en mai 1902 et annonce dans le numéro du 11 mai la formation d’une société anonyme au capital de $20,000.00, constitué de 2,000 actions de $10. Un long manifeste inspiré des discours de Bourassa définit les positions du journal qui devrait paraître le vendredi et le dimanche. Chicoyne réalisa-t-il ses ambitions ? On sait seulement que les bibliothèques n’ont pas de numéro postérieur au 11 mai.

En 1904, c’est le journal Le Nationaliste de Montréal qui s’accapara la clientèle du Pionnier de Sherbrooke et la collaboration de J.A. Chicoyne et régulièrement, le journal publia ses articles. Tous les journaux à tendance conservatrice publièrent les textes de J.A. Chicoyne.

On se rappellera qu’au mois de juillet 1895, J.A. Chicoyne, sa femme et sa fille firent don de leur maison aux Sœurs du Précieux Sang. Au début de 1896, ils allèrent s’installer à Marbleton, à la limite du comté de Wolfe. Toutefois, la maison de la rue Marquette abritait toujours le journal Le Pionnier, c’est lui qui payait la majeure partie des dépenses d’entretien. On se rappellera aussi que deux ans plus tard, en octobre 1897, il y avait eu rétrocession de la propriété par les Soeurs.

Ainsi, en 1901, lorsque le journal fut édité à Montréal, la maison commença à être un fardeau pour la famille Chicoyne. Sûrement que J.A. Chicoyne tenta de la vendre ou du moins de la louer. Mais, avec une maison de cette ampleur, il ne fut pas facile de trouver preneur. En 1902, la Providence vint à son secours.

En effet, les Petites Sœurs de la Sainte-Famille, la congrégation de Mère Marie-Léonie, arrivèrent à Sherbrooke au mois d’août 1895. Les Sœurs s’installèrent d’abord sur la rue Peel, pas loin du séminaire. En avril 1896, la maison Saint-Charles, l’ancien presbytère, fut démolie et, le 2 juin, la pierre angulaire de leur nouvelle bâtisse fut bénite. Ce nouvel édifice de briques, de 86 pieds sur 36, situé sur la rue Marquette, voisin de la maison de J.A. Chicoyne, abrita le noviciat et la maison-mère des Petites Soeurs. C’est donc l’Institut des Petites Sœurs de la Sainte-Famille qui, le 30 juin 1902, acheta la maison de J.A. Chicoyne et l’annexa à sa nouvelle bâtisse de 1896. Le contrat de vente fut passé chez le notaire Ernest Sylvestre de Sherbrooke et le prix de vente fut de 6 000 piastres, payé comptant[2].

En 1915, lorsqu’on construisit le nouvel évêché, une entente fut conclue entre l’évêché et les Petites Sœurs de la Sainte-Famille, en vue de loger tout le personnel de l’évêché. C’est dans la maison Chicoyne que, jusqu’en 1919, l’évêque, Mgr Paul LaRocque, et tout son personnel demeurèrent. Pendant quatre ans, la maison Chicoyne devint l’évêché de Sherbrooke.

Lorsqu’en 1926, les Sœurs construisirent leur monastère sur la rue Galt, à Sherbrooke, elles se départirent de cette bâtisse.

On se rappellera aussi qu’au mois de mai 1902, J.A. Chicoyne acheta le journal Le Pionnier de Sherbrooke, dont le dernier numéro parut le 11 mai, et lequel ferma ses portes par la suite. Cet événement fut sûrement un dur coup pour lui. Probablement qu’il espérait prendre sa retraite et continuer à s’occuper de son journal.  Une grande porte se ferma alors devant lui. Au mois de juin de la même année, il réussit à vendre sa maison de Sherbrooke. Ainsi, J.A. Chicoyne n’avait plus aucune attache à Sherbrooke. Les terrains et les lots qu’il possédait encore un peu partout dans les Cantons-de-l’Est furent vendus ou passèrent à sa succession.

Voyant venir la retraite, J.A. Chicoyne, sous l’instigation de son beau-père qui eut vent d’une aubaine, acheta une propriété au village de La Providence, à Saint-Hyacinthe. Le 20 avril 1903, le shérif E. Sicotte du district de Saint-Hyacinthe vendit à J.A. Chicoyne le terrain et la maison de la rue Saint-Pierre à La Providence que J.A. Chicoyne paya 3 100 dollars comptant[3]. Cette propriété « cossue » était connue sous le nom de Villa Bellerive.

Tout semble indiquer que la famille Chicoyne y déménagea au cours de l’année 1903, avant même que J.A. Chicoyne y prenne sa retraite.

Maison-mère des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, rue Marquette, en 1907. La Maison Chicoyne est à droite (sous le no 2)[4].


[1] BEAULIEU, André, et Jean HAMELIN. op. cit. p. 87.

[2] BUREAU DE LA PUBLICITÉ DES DROITS. Contrat # 8221 RB, 30 juin 1902, Circonscription foncière de Sherbrooke, Sherbrooke.

[3] BUREAU DE LA PUBLICITÉ DES DROITS. Contrat # 45896 RB, 20 avril 1903, Circonscription foncière de Saint-Hyacinthe, Saint-Hyacinthe.

[4] Petites Sœurs de la Sainte-Famille, collection privée, Sherbrooke.

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Dans l’épisode #29, J.A. Chicoyne prendra sa retraite.

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