Plateforme de publication d'articles de la Société de généalogie des Cantons-de-l'Est portant sur des sujets liés à la généalogie, à l'histoire et au patrimoine.


La biographie de Jérôme-Adolphe Chicoyne – Épisode 30

Dans cet épisode #30, J.A. Chicoyne se retire à Saint-Hyacinthe pour y passer les dernières années de sa vie. Cest là qu’il décédera le 30 septembre 1910.

Cette série est tirée du livre de Denis Beaulieu:  »Jérôme-Adolphe Chicoyne, avocat, journaliste, agent d’immigration et de colonisation, entrepreneur, développeur, maire, député ». Elle compte 31 épisodes.

Cliquez ici pour retourner aux épisodes précédents.

Temps de lecture estimé – 12 minutes

*****

SON DÉCÈS

Le 30 septembre 1910, à l’âge de 66 ans, J.A. Chicoyne décéda. Il demeurait toujours dans sa maison de la rue Saint-Pierre, en compagnie de sa femme et de sa fille qui s’en occupèrent jusqu’aux derniers moments.

Le 3 octobre, son service funèbre fut chanté en l’église Notre-Dame-du-Rosaire et il fut inhumé au cimetière Notre-Dame, rue Girouard à Saint-Hyacinthe.  À l’annexe 1, nous retrouvons l’acte de sépulture de J.A. Chicoyne. (ndlr : on peut le voir plus bas dans l’article).

L’église Notre-Dame-du-Rosaire, à Saint-Hyacinthe[1]

Dans son édition du 4 octobre 1910, le journal Le Progrès de l’Est de Sherbrooke consacra une grande colonne dans laquelle il donna les grandes lignes de la biographie de J. A. Chicoyne et termina en disant[2] :

C’était un patriote éclairé, instruit, pondéré, bien attaché à l’Église par la pratique de ses devoirs religieux. Il aimait à être en public ce qu’il était dans sa vie privée. La sincérité et la franchise étaient ses qualités maîtresses.

Il était orateur calme, énergique et toujours digne. Ses adversaires mêmes l’estimaient et le respectaient. En Chambre, on l’appelait le ‘’sage’’ et ce titre de confiance peint bien son caractère franc et loyal.

[…]

À St-Hyacinthe, les funérailles de M. Chicoyne ont eu lieu lundi matin, en l’église de Notre-Dame du Rosaire.

M. l’abbé Élie Auclair, cousin du défunt, procéda à la levée du corps et le R.P. Hamel, curé de Notre-Dame, chanta le service, assisté des RP. PP. Archambault et Turcot.

Les porteurs étaient MM. J. Roy, protonotaire, le chevalier E.H. Richer, L.A. Gendron, avocat, Elz. Chabot, notaire, A. Jodoin, notaire et J. de L. Taché, notaire.

Le deuil était conduit par MM. J. Élie Perrault, beau-frère du défunt, D. Perrault, Beloeil, J.L. Cartier, St Hubert, U. Bernard, ses cousins; O. Gosselin, Drummondville, son neveu : M. l’abbé Émile Chartier, professeur au séminaire.

Tous les principaux citoyens de St-Hyacinthe avaient tenu à rendre hommage au regretté défunt et ont accompagné sa dépouille mortelle à l’église.

Les offrandes de messes et de bouquets spirituels étaient nombreuses.

Sûrement que beaucoup d’autres journaux de la province rapportèrent la nouvelle du décès de J.A. Chicoyne.

L’abbé Élie-J. Auclair, un « cousin » de J.A. Chicoyne, écrivait de lui, dans son livre « Figures canadiennes »[3] :

Je m’honore de pouvoir consacrer quelques pages, dans mon modeste volume, à ce concitoyen marquant, qui était mon allié de famille, sa femme se trouvant être la cousine germaine de ma mère.

/… /

Quand je le connus à Sherbrooke vers 1900, M. Chicoyne n’avait que 56 ans. Il paraissait solide et vigoureux et l’on pouvait penser qu’il vivrait encore longtemps. Ancien maire de la ville, député au Parlement provincial, très mêlé à toutes les activités sociales, il jouissait d’un réel prestige. Nos relations de famille me valurent l’avantage de le voir assez souvent, ce qui était tout profit pour moi.

Gros et court, trapu et comme ramassé sur lui-même, fortement musclé et agile dans ses mouvements, le front prématurément chauve, l’œil clair et perçant, constamment mobile sous le sourcil épais, la moustache coupée dru en brosse, Chicoyne avait l’air sérieux et avenant tout ensemble. Versé en toutes sortes de connaissances, notamment en celles de l’histoire et de la politique du pays, bon causeur, toujours affable et courtois, il était, dans la conversation, un partenaire attrayant, avec qui on ne s’ennuyait pas et auprès de qui on s’instruisait sans se lasser. Sage et discret, prudent et avisé, il passait pour être très minutieux au chapitre de l’économie et pas pour un sou dissipateur. Mais, dans le domaine des idées à répandre et des renseignements à donner, il était large et communicatif jusqu’à la prodigalité. Au Parlement, ses collèges, disait-on, l’appelaient couramment le Nestor de l’Assemblée législative, et, à Sherbrooke, il était le conseiller apprécié des jeunes.

/… /

Aussi, au cours de sa vie d’homme public, Chicoyne a-t-il joué, dans les affaires de notre province, un rôle considérable et largement utile, bien que caché toujours sous le voile de la plus sincère modestie. Plus souvent qu’à son tour, il a dit le mot juste sur les questions les plus vitales. Il a attaché son nom à plusieurs projets de loi d’importance majeure. À la Chambre, on l’écoutait volontiers et tous, adversaires et amis politiques, l’estimaient et le respectaient. /… / C’était un penseur et un philosophe, un orateur convaincant sinon très brillant, un écrivain à la plume alerte et facile, toujours soigneusement documenté.

/… /

Pendant près de quarante ans, le labeur de Chicoyne, en somme suffisamment désintéressé en dépit de sa tendance outrée pour l’épargne et l’économie, fut de tous les jours et de tous les instants. De santé robuste alors, on aurait dit qu’il était infatigable et qu’aucune charge ne lui pesait. Travailleur méthodique et ordonné, il multipliait par là même sa puissance d’action. Devenu malade et perclus, il travailla encore, je l’ai dit, par la plume, dans sa retraite de Saint-Hyacinthe.

/… /

En deux mots, Chicoyne a été un catholique militant aussi bien qu’un citoyen utile et bienfaisant, un laïque, avocat et député, publiciste et orateur, qui avait conscience de son devoir social, en fait l’un de ces apôtres du laïcat catholique, tels qu’il y en eut toujours, grâce à Dieu, aux âges de foi, et tels aussi que les désire et les demande, de nos jours, le pape glorieusement régnant, Sa Sainteté Pie XI.

Gaston Deschênes, dans sa biographie de J.A. Chicoyne, termina en disant[4] :

À l’époque où Jérôme-Adolphe Chicoyne siégeait à Québec, on le surnommait « le Sage de la Législature ». C’était un homme cultivé, respecté pour ses opinions, « l’un des cerveaux les plus solidement organisés qu’ait produit [la] province » selon Omer Héroux. Homme de principes, conservateur d’esprit, allié à des royalistes français « de la vieille école », il a néanmoins consacré sa vie à l’étude et à la recherche de solutions aux problèmes socio-économiques de ses compatriotes. Le rôle qu’il a joué dans la promotion de la mutualité et du coopératisme au tournant du siècle devrait lui mériter de figurer parmi les pionniers du mouvement coopératif québécois.

Nous pourrions citer plusieurs autres auteurs qui ont reconnu les mérites et les qualités de Jérôme-Adolphe Chicoyne.

Portion principale de l’acte de sépulture de J.A. Chicoyne (c.à.d. quelques signatures manquantes à la fin de l’acte figurent sur la page suivante du registre). Il a été inhumé le 3 octobre 1910.

À l’époque, un très gros monument funéraire indiquait l’endroit de la sépulture de J.A. Chicoyne. Au fil des années, avec l’usure du temps et les coûts élevés d’entretien, le monument fut remplacé, de telle sorte qu’aujourd’hui, on ne retrouve qu’une très simple pierre tombale, sur laquelle est écrit :

« CHICOYNE – BENOÎT »

Monument funéraire de J.A. Chicoyne et Yvette Benoît[5].

BENOÎT, pour Yvette Benoît, laquelle fut la fille adoptive d’Émélie Chicoyne, la fille de Jérôme-Adolphe.

La femme de J.A. Chicoyne, Caroline Perrault, décéda le 27 décembre 1915, à l’âge de 67 ans et fut inhumée au même cimetière, dans le même lot que son mari. Sa fille Émélie et madame Benoît furent, elles aussi, inhumées au même endroit.

Il y aurait tout un chapitre à écrire au sujet de la vie d’Émélie Chicoyne à partir de 1915 : l’adoption d’Yvette Benoît et le décès d’Émélie le 18 juillet 1938. Un autre chapitre pourrait nous présenter la vie d’Yvette Benoît, l’adoption de ses trois filles et son décès à La Providence.

Aujourd’hui, c’est l’une des filles d’Yvette Benoît, Andrée, mariée à Richard Flibotte, qui habite toujours l’ancienne Villa Bellerive, au milieu des souvenirs de la famille Chicoyne. Évidemment que la maison a subi plusieurs transformations au cours des années, cependant l’esprit de Jérôme-Adolphe Chicoyne y plane toujours.

Maison Chicoyne, rue Saint-Pierre, La Providence, en 2010[6].


[1] Denis Beaulieu. 2010.

[2] Le Progrès de l’Est, Sherbrooke, Feu M. J.A. Chicoyne, 4 octobre 1910, 1 p.

[3] AUCLAIR, Élie-J. abbé. Figures canadiennes – Deuxième série-, Montréal, Éditions Albert Lévesque, 1933, pp. 188-194.

[4] DESCHÊNES, Gaston. Op. cit.

[5] Denis Beaulieu. 2010.

[6] Denis Beaulieu. 2010.

*****

Dans l’épisode #31, l’auteur Denis Beaulieu conclura sur la vie de J.A. Chicoyne, un des pionniers du développement des Cantons-de-l’Est. Ce sera le dernier épisode.

Cliquez ici pour retourner aux épisodes précédents.

Cliquez ici pour retourner à la page d’accueil du site pour lire ou relire d’autres articles.

__________

L’Entraide numérique est un site Web de publication d’articles publié par la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est (SGCE) ayant pour objectif le partage des connaissances de nos membres. Il se veut un complément à notre revue L’Entraide généalogique. Ce site Web publie trois fois par semaine, soit les lundis, mercredis et vendredis, sur des sujets liés à la généalogie, à l’histoire ou au patrimoine québécois. Le site est ouvert à tous, membres et non-membres de la SGCE.



Armoiries de la Société

À PROPOS DE NOUS

Bienvenue sur L’Entraide numérique, la nouvelle plateforme numérique de publication d’articles de la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est. Nous publions deux fois par semaine, les lundis et jeudis.

Nos collaborateurs publient sur des sujets variés liés de près ou de loin à la généalogie, à l’histoire et au patrimoine.

POUR NOUS JOINDRE:

redaction@lentraidenumerique.ca

L’Entraide numérique est toujours à la recherche de bonnes histoires à raconter à nos lecteurs. Que ce soit pour un sujet lié à l’histoire, à la généalogie ou au patrimoine régional, n’hésitez pas à nous envoyer votre article ou encore à nous contacter pour en discuter davantage.

ACCÉDEZ AUX Articles PAR THÈME:

LIENS UTILES:

ARCHIVES PAR MOIS :

ABONNEZ-VOUS À NOTRE INFOLETTRE