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Chronique Toponymie – Le ruisseau Caya

Cette chronique traite du patrimoine toponymique de la Ville de Sherbrooke. Ces chroniques régulières nous viennent de Jean-Marie Dubois, membre émérite de la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est, et de Gérard Coté, membre de la Société d’histoire et du musée de Lennoxville-Ascot.

Voici aujourd’hui le ruisseau Caya à Sherbrooke, des vestiges du milieu rural dans le Sherbrooke moderne.

Source: Commission de toponymie du Québec.

Temps de lecture estimé – 10 minutes

Caya, Ruisseau

Louis Caya, Fermier pionnier (1823-1875)

Ce ruisseau pérenne de plus de 2,5 km de longueur prend sa source dans le secteur du parc de Saint-Charles-Garnier et de la rue d’Orford ainsi que dans le parc André-Viger. Sauf l’embranchement dans le parc, il est entièrement canalisé en conduites souterraines. Il suit les rues Thomas-Chapais, Bolduc, Wilson et Précourt, traverse le parc de Saint-Boniface jusqu’à la rue King Ouest, puis il se divise en deux conduites jusqu’à ses exutoires presque côte à côte dans la rivière Magog, vers l’extrémité ouest de la rue Raimbault (45°23’43’’–71°56’16’’).

Ce tracé est presque celui du cours d’eau naturel jusqu’à la rue King Ouest. Son bassin est entièrement agricole avec de faibles superficies boisées jusqu’au début des années 1950, soit après l’annexion de la partie du canton d’Orford à l’ouest du chemin d’Orford ou chemin Therrien (maintenant le boulevard Jacques-Cartier) par la Ville de Sherbrooke en 1951. Le bassin s’urbanise alors progressivement dans les années 1950 et 1960, à l’est de la rue Wilson, le long de la rue King Ouest puis du boulevard de Portland.

L’urbanisation à l’ouest de la rue Wilson commence à la fin des années 1960 mais surtout au début des années 1970, avec la construction du Carrefour de l’Estrie. Actuellement, il n’y a plus de terres agricoles et les seuls boisés qui demeurent sont ceux du parc André-Viger et de la tête du bassin au nord du parc. Le ruisseau est canalisé au sud de la rue King Ouest entre 1945 et 1956, puis de la rue King Ouest à la rue McGregor en 1965-1966. La partie en amont est canalisée entre 1971 et 1979.

L’embouchure naturelle du ruisseau se trouve dans l’anse à l’ouest du parc des Quatre-Pins. Cependant, cette embouchure est déviée artificiellement et de façon souterraine à l’extrémité ouest de la rue Raimbault, probablement avec la construction de la première église de Saint-Boniface et des rues Morris et de Carillon en 1952-1953. Une caractérisation du ruisseau faite en 2012 de la partie à l’air libre dans le parc André-Viger montre qu’il n’est évidemment pas propice à l’habitat du poisson.

Louis Caya est né en 1823, probablement à Baie-du-Fèvre où ses parents se sont mariés, le 6 février ou octobre 1809. Il est le fils de Marie-Angélique Clair (ou Clerc-Houle) et de Michel Caya (Saint-François-du-Lac (01-05-1784—Sherbrooke 22-03-1858). Il épouse Angèle Drowse (Drummondville 06-10-1826—Sherbrooke 15-05-1913, mais inhumée aux U.S.A.) en l’église de Saint-Colomban de Sherbrooke, le 16 avril 1849.

Le couple a dix enfants, tous nés à Sherbrooke sauf les deux derniers dont on ne connaît pas la date et le lieu de naissance : Angélique (08-02-1850—?), Isabelle (22-02-1852—?), Sophie Joséphine (22-11-1853—?), Henri (06-02-1856—Sherbrooke 21-07-1938), Angèle (05-06-1858—Sherbrooke 27-01-1914), Louis (16-02-1861—?), Célanire (08-02-1863—?), Aglaée (28-03-1865—?), Alfred (05-07-1867—Sherbrooke 06-05-1898), Élizabeth (18??—Sherbrooke 18-06-1907) et Marie (18??—?).

On suppose que Louis arrive à Sherbrooke avec ses parents, à une date inconnue avant 1849. Sa ferme, ou la ferme familiale qu’il a reprise au décès de son père, se situe là où se trouve le ruisseau, comme l’atteste une carte de 1863. 

Il semblerait que c’est à l’embouchure du ruisseau de sa ferme que la Society for the Propagation and Protection of Fish in the Eastern Townships a envisagé de construire une première pisciculture lors de sa fondation, le 26 mai 1858, par Alexander Tilloch Galt (voir rue Galt Est et Ouest), Edward Towle Brooks et le docteur Edward Dagge Worthington (voir parc Edward-Worthington). En effet, ces derniers voulaient ainsi pallier la surpêche des salmonidés en ensemençant des alevins dans les rivières.

Dans un article de la Sherbrooke Gazette du 31 juillet 1858, on mentionne l’intention d’établir la pisciculture à cet endroit, mais il n’y a aucune preuve qu’elle se soit concrétisée. Finalement, c’est à Magog que le Gouvernement canadien ouvre une première pisciculture sur la berge de la rivière Magog, au sud-est du pont de la rue Merry. C’est une première au Québec.

En 1880, cette pisciculture est déménagée un peu plus loin sur le même côté de la rivière, un peu en amont du barrage. Elle est achetée par le Gouvernement du Québec en 1915. Elle est fermée en 1942 et transférée à Baldwin Mills en 1943. Des vestiges des fondations des bâtiments et des bassins sont toujours visibles dans le sous-bois le long de la piste cyclable à Magog.

Vestiges de la pisciculture de 1880 de Magog.

Photo : Courtoisie de Maurice Langlois, Magog

Louis Caya décède à Sherbrooke, le 22 mai 1875 et il est inhumé au cimetière de Saint-Michel. C’est son fils, Henri, qui prend la relève de la ferme jusqu’à la fin des années 1880. Il devient alors journalier à l’usine Paton. Quant à Angèle Drowse, elle épousera en deuxièmes noces Théophile Belle en la cathédrale Saint-Michel, le 7 janvier 1884.

Le toponyme est attribué et officialisé par la Commission de toponymie du Québec le 5 décembre 2013 à la suite d’une recommandation du conseil municipal de la Ville de Sherbrooke lors de sa réunion du 12 août 2013.

Renseignements

Annuaires de Sherbrooke de 1890-1891 à 1925-1926, conservés à la Société d’histoire de Sherbrooke.

Carbonneau, Maryse (2015), Des mandats adaptés à toutes les époques [pisciculture de Baldwin Mills]. La Tribune, vol. 106, no 50, 21 avril 2015, p. S8.

Cimetière de Saint-Michel, Renseignements sur les inhumations de la famille Caya, 8 novembre 2012.

Deshaies, Olivier et Couture, Benoît (2012), Caractérisation de cours d’eau situés dans le bassin versant de la rivière Magog : secteur de la ville de Sherbrooke. AQUA-Berge, Sherbrooke, rapport à la Division de l’environnement, Ville de Sherbrooke, 16 p. et 4 cartes.

Dubois, Jean-Marie, Coté, Gérard and Langlois, Maurice (2022) From Caya Brook in Sherbrooke in 1858 to the fish hatcheries in Magog and Baldwin Mills. The Record, 11 juillet 2022, p. 4.

Fiche de renseignements toponymiques complété par André Tessier, le 29 avril 2012.

Généalogie Québec (2012) Famille Caya, Fichiers Connolly et Lafrance,

https://www.genealogiequebec.com/membership/fr/connolly, consulté les 8 novembre 2012 et 18 février 2022.

Gouvernement du Canada, cartes topographiques de Sherbrooke au 1 : 63 360 de 1933 et 1944 et au 1 : 50 000 de 1954 et 1971.

Gray, Orlando Willis (1863), Map of the District of St. Francis, Canada East : From surveys from British & American boundary commissioners, British American Land Co., Crown Land Department and special surveys and observations. Putnam & Gray, 400 perches/po.

Hallowell, J. (1858), Society for the Propagation and Protection of Fish in the Eastern Townships. The Canadian Times, vol. 4, no 27, 8 juillet 1858, p. 2.

Kesteman, Jean-Pierre (2004), Tout le long de la rivière Magog : Se promener du lac Memphrémagog à la Cité des rivières. Éditions GGC, Sherbrooke, p. 28, 58 et 65.

Langlois, Maurice (2004), Pisciculture de Magog (1880-1943). Le Reflet du Lac, 18 décembre 2004, p. 4.

Langlois, Maurice (2008), La pisciculture de Magog (1880-1943) : la première du genre au Canada. Le Reflet du Lac, 20 juillet 2008, p. 6.

Langlois, Maurice (2009), Magog Fish Hatchery (1880-1943). The Townships Outlet, avril 2006, p. 14.

McClure, Taylor (2022), Fish hatching from Magog to Baldwin’s Mills. The Record, 28 janvier 2022, p. 7.

Photographies aériennes du Gouvernement du Canada de 1945 et du Gouvernement du Québec de 1956, conservées à la cartothèque Jean-Marie-Roy de l’Université de Sherbrooke.

Piscicator (1858), Propagation and protection of trouts. Sherbrooke Gazette, vol. XIX, no 1012, 31 juillet 1858, p. 2.

Recensement du Canada de 1851 (canton d’Orford).

Société de généalogie des Cantons-de-l’Est (1994), Cathédrale St-Michel de Sherbrooke : Naissances 1834-1993. Sherbrooke, p. 113-114.

Jean-Marie Dubois (Université de Sherbrooke), Gérard Coté (Société d’histoire et du musée de Lennoxville-Ascot) et Maurice Langlois (Société d’histoire de Magog)

13 juillet 2022

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