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Sur les traces de mes ancêtres – Nicolas Langlois de Neuville (1 de 2)

Il y a quelques mois, je publiais le premier volet de l’histoire de mes quatre familles: celle de la famille Langlois du côté maternel. Un livre de près de 700 pages et 35 chapitres. Le fruit de près de 4 ans de recherches et d’écriture. Rien de bien particulier en soi puisque de nombreux membres consacrent de façon similaire des années d’efforts pour raconter l’histoire de leurs propres familles.

Question d’encourager d’autres membres à venir publier des extraits de leurs propres écrits – soit dans L’Entraide généalogique ou dans L’Entraide numérique – nous publions cette semaine en deux parties le chapitre 17 de ce premier tome intitulé  »Neuville 2022 » consacré à ma visite il y a trois ans de la terre de mes premiers ancêtres Langlois, située à Neuville près de Québec. Ce qui est particulier avec cette terre familiale c’est qu’elle a été transférée de génération en génération depuis 1667. Une douzaine de générations, sans interruption, de père en fils. Elle appartient toujours à la famille Langlois de nos jours.

Ce chapitre, de même que le chapitre suivant – le 18e qui raconte la vie de ce premier ancêtre, Nicolas Langlois – a été publié récemment par la revue Le Chemin du Roy de la Société d’histoire de Neuville. Nous publierons la suite (et fin) de ce premier chapitre ce jeudi. Nous publierons ensuite le chapitre 18 dans quelques semaines, en quatre parties.

Temps de lecture estimé – 15 minutes

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Chapitre 17 – Neuville 2022

1Retour vers le futur

Un mardi matin de la fin mai 2022. Il n’est pas encore 7 heures du matin. En voiture, je longe le fleuve Saint-Laurent sur la route 138, le fameux Chemin du Roy de la Nouvelle-France. Je suis à Neuville en direction ouest, à la recherche de la terre de mes ancêtres chez la famille Langlois. Une cousine m’avait mis sur la piste de cette terre ancestrale d’un dénommé Nicolas Langlois. Elle pensait probablement que c’était notre ancêtre… puisque c’est un Langlois qui y habite encore. Un Langlois de plus de 300 ans, ça doit être parent, non?

Pas aussi simple si on sait qu’il existe près d’une dizaine de familles-souches Langlois. Cependant depuis, j’avais effectué le travail d’analyse et j’avais effectivement conclu que Nicolas Langlois était notre premier ancêtre Langlois en Amérique. En créant ce qu’on appelle une ‘’ascendance patrilinéaire’’ à partir de mon grand-père Georges Langlois et en remontant l’histoire d’une génération à l’autre, j’aboutis à Nicolas Langlois, né vers 1640 à Rouen en Normandie, tisserand domestique de Sieur Louis de Villeray, qui a traversé l’Atlantique vers la Nouvelle-France vers 1664.

Quelques semaines plus tard, suite à la conclusion de cette analyse, je suis en contact avec un bénévole de l’Association des Langlois d’Amérique. Au cours de la conversation, je mentionne le fait que j’ai commencé la rédaction d’un livre sur l’histoire de ma famille et que je suis encore dans une phase préliminaire de recherche intensive. Ne sachant pas encore que Nicolas représente une souche très mineure chez les Langlois, mon interlocuteur doute peut-être déjà de ma conclusion à l’effet que Nicolas serait notre premier ancêtre en Amérique. Il s’offre volontiers à demander à un collègue de l’Association des Langlois de valider (ou non) ma conclusion. Il me demande le nom de mon grand-père et de ma grand-mère (Georges Langlois et Gertrude Paul) pour pouvoir effectuer la recherche. J’oublie rapidement cette conversation et continue mes recherches. Environ dix jours plus tard, une lettre arrive dans le courrier avec l’ascendance généalogique de mes grands-parents Langlois. Je compare vite leur analyse avec la mienne et à ma grande surprise, elle est identique de la première à la dernière génération. J’ai une plus grande assurance maintenant sur les résultats de mes recherches étant plus familier avec mes outils de travail mais à ce moment, j’étais encore dans ma phase d’apprentissage.

Comme certains me l’ont indiqué au début de mon projet, il était normal de penser que nous devions être descendants de la souche principale des Langlois. Comme à peu près tous les Langlois. L’Association des Langlois d’Amérique a d’ailleurs publié il y a une dizaine d’années sur son site Web l’ancêtre de chacun des membres de l’Association. Plus de 70% des membres affirmaient que leur ancêtre était Noël. Plus de 20% indiquaient ne pas le savoir. Seulement 5-10% des membres se disaient héritiers de la souche de Nicolas. Il ne restait que des miettes pour les quelques autres souches.

Nous faisons donc partie d’une petite minorité. Nicolas Langlois est bien notre premier ancêtre en Amérique chez la famille Langlois. 

Retour à ce matin ensoleillé de mai 2022, je suis donc à Neuville, près de Québec, à la recherche de la terre ancestrale de Nicolas Langlois, celle qui lui a été octroyée dans la seigneurie de Dombourg le 20 mars 1667.

Ce qui est particulier avec cette terre, c’est qu’elle a ensuite été transférée de génération en génération – de père en fils – et ce, sans interruption depuis plus de 350 ans. On parle ici de 12 générations. Ce n’est pas rien quand même! C’est donc dire qu’elle appartient encore à la famille de nos jours.

J’ai quelques indications pour localiser précisément l’endroit et je le trouve sans problème. Moment solennel quand même, quand on écrit un livre à la recherche de ses ancêtres, de savourer le moment où l’on se trouve précisément sur la première terre ancestrale de notre famille.

Un autre Normand donc, après Claude Lefebvre dit Boulanger du côté paternel de notre famille qui a déjà fait l’objet du chapitre 13.

Étrange sensation quand même. On ne parle plus vaguement de la Nouvelle-France en termes théoriques ou historiques. On parle précisément de la terre agricole que notre ancêtre a fait sienne, qu’il a développée, défrichée, cultivée et fait fructifier… en reconnaissant l’importance de passer le flambeau d’une génération à l’autre et ce, sans interruption depuis 1667. Ce grand lopin de terre, étroit mais long de 4 kilomètres, a été et est toujours le foyer de l’histoire de notre famille Langlois. J’apprendrai rapidement que cette terre s’étend du fleuve Saint-Laurent et ce jusqu’à l’autoroute 40 que l’on connaît de nos jours.

Emplacement de Neuville dans la région de Québec.

Carte historique montrant en haut au centre la terre ancestrale de Nicolas Langlois dans la Seigneurie de Dombourg qui donne sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent.

2Neuville

De nos jours, Neuville est une petite ville de quelque 4 500 habitants. Sa fusion en 1997 avec la municipalité voisine de La Pointe-aux-Trembles (à ne pas confondre avec l’autre Pointe-aux-Trembles sur l’Île de Montréal) a plus que quadruplé sa population. Elle est située dans la région de la Capitale-Nationale à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de la ville de Québec. La ville de Donnacona est située à une dizaine de kilomètres encore plus à l’ouest. On y accède facilement par l’autoroute Jean-Lesage (Autoroute 40) sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent.

En longeant justement le fleuve, le célèbre Chemin du Roy la traverse d’une extrémité à l’autre. La ferme familiale est située en dehors de Neuville, entre Neuville et Donnacona, pas très loin du village.

Le village de Neuville a été fondé en 1667, soit la même année que notre premier ancêtre Nicolas Langlois a reçu sa terre dans la Seigneurie qui englobait le village à l’époque, soit la Seigneurie de Dombourg qui deviendra rapidement la Seigneurie de Neuville dès 1680.

Elle garde encore aujourd’hui un cachet historique avec plusieurs immeubles considérés historiques ou patrimoniaux. Comme d’autres municipalités de la région, Neuville est reconnue pour sa production de maïs dont notre ferme ancestrale est un contributeur important.

Neuville aujourd’hui du haut des airs. Source : Marinas.com.

Il est intéressant de noter que le Chemin du Roy date des débuts de la colonie. On dit que les débuts de la construction de la route datent des mêmes années 1660. À l’époque, il était la plus longue route carrossable en Amérique. Il atteindra éventuellement une longueur de 280 kilomètres reliant le Vieux-Québec dans son extrémité est et le Vieux-Montréal dans son extrémité ouest.

3Bienvenue ‘’Chez Médé’’

Je suis donc sur le célèbre Chemin du Roy à Neuville. C’est là que tout a commencé pour la famille Langlois et c’est encore là que l’histoire continue après 12 générations.

Je suis donc ‘’Chez Médé’’, une ferme familiale qui de nos jours cultive, transforme et vend des produits laitiers et des produits maraichers. Du côté droit de la route sur le Chemin du Roy en direction de Montréal, on voit la terre familiale avec ses bâtiments de ferme et un magasin qui semble servir à vendre, en partie du moins, la production de la ferme. Le maïs semble à l’honneur pour le grand public qui passe sur la route. Au moment de mon passage en mai, le magasin est presque vide puisque nous sommes hors-saison mais on y voit des étalages de confitures en vente, de la saison précédente on imagine.

Je profite donc du moment pour prendre quelques photos – au cas où, pour le livre – dont l’affiche principale (ci-dessous) confirmait ce que je cherchais : ‘’Chez Médé, ferme familiale Langlois depuis 1667’’.

De l’autre côté de la rue, juste en face, un homme sort de la maison familiale et me salue en me demandant poliment s’il peut faire quelque chose pour moi. Pour ceux qui ont déjà oublié, il n’est pas encore 7 heures du matin. Il doit bien se demander qui peut bien prendre des photos de ses actifs à cette heure matinale. Il doit penser à un huissier ou un inspecteur, je ne serais pas surpris.

Je le salue en retour et lui indique de façon un peu ridicule que je suis un Langlois. Je réalise rapidement que ce n’est pas une très bonne introduction comme si cela me donnait tous les droits. Je ne dois certainement pas être le premier, ni le dernier, à se présenter à lui comme tel étant donné que sa propriété et son commerce sont ouvertement identifiés aux Langlois mais aussi à toute son histoire depuis les débuts de la colonie.

Sans savoir à qui j’ai affaire, je soupçonne tout de suite qu’il doit se ficher complètement que je sois ou non un Langlois. À ma grande surprise étant donné l’heure matinale, il semble enchanté et me dit qu’il traverse tout de suite pour me rejoindre dans deux minutes. Aussitôt dit, aussitôt fait.

Il s’excuse tout de suite en me disant qu’il doit quitter pour la journée. Malgré cela, nous engageons une conversation d’environ une demi-heure sur cette terre historique. Je lui mentionne le livre que je suis en train d’écrire. Il réitère qu’il est désolé de devoir quitter, que j’ai mal choisi ma journée. Malgré tout, il aurait des choses à me raconter et il voudrait me montrer des choses qui devraient m’intéresser pour le livre. Je suis évidemment enchanté de son intérêt. Je lui dis que je reviendrai dans quelques mois pour effectuer des recherches supplémentaires. Il me suggère de passer du temps à la Société d’histoire de Neuville dont les locaux sont situés tout près. Il me dit que j’y trouverai beaucoup d’informations historiques sur la communauté et sur la famille. En le remerciant de son aide, il me donne son numéro de téléphone pour que je puisse venir à un moment où il aura plus de temps à me consacrer. Il me sera utile pour compléter les portions de mon livre qui raconteront les débuts de l’histoire des Langlois dans la région de Neuville.

À ma demande, il me donne le nom de son père et de son grand-père car je lui dis que je voudrais remonter son arbre généalogique et le comparer au nôtre pour mieux comprendre à quel moment de l’histoire nos généalogies respectives sont identiques et à quel moment elles empruntent deux chemins différents.

Je venais donc de rencontrer cet homme sympathique, Fernand Langlois, 82 ans, descendant direct de Nicolas Langlois, ancien propriétaire de la terre ancestrale, qu’il a déjà transférée à ses deux fils – Daniel et Médé – en passant ainsi le flambeau de la 10e à la 11e génération. Et il semble que le passage à la 12e soit déjà assuré avec les fils de Daniel qui aident déjà aux travaux de la ferme.

Me voilà donc sur des bases solides pour la suite des choses afin de documenter les débuts de la descendance des Langlois.

Avant de partir, il m’offre de choisir un pot de confitures de la ferme pour ma mère dont il sait maintenant qu’elle est la lointaine cousine commune de cette histoire des Langlois.

(ndlr) – Nous publierons la deuxième et dernière partie de ce chapitre ce jeudi.

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