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Sur les traces de mes ancêtres – L’histoire de Nicolas Langlois de Neuville (4 de 4)

Il y a quelques mois, je publiais le premier volet de l’histoire de mes quatre familles: celle de la famille Langlois du côté maternel. Un livre de près de 700 pages et 35 chapitres. Le fruit de près de 4 ans de recherches et d’écriture. Rien de bien particulier en soi puisque de nombreux membres consacrent de façon similaire des années d’efforts pour raconter l’histoire de leurs propres familles.

Question d’encourager d’autres membres à venir publier des extraits de leurs propres écrits – soit dans L’Entraide généalogique ou dans L’Entraide numérique – nous avons publié il y a quelques semaines le chapitre 17 de ce premier tome intitulé  »Neuville 2022 » consacré à ma visite il y a trois ans sur la terre de mes premiers ancêtres Langlois, située à Neuville près de Québec. Ce qui est particulier avec cette terre familiale c’est qu’elle a été transférée de génération en génération depuis 1667. Une douzaine de générations, sans interruption, de père en fils. Elle appartient toujours à la famille Langlois de nos jours. On peut retourner aux deux volets de cette première série en cliquant ici.

Nous vous présentons maintenant en quatre volets le chapitre 18 qui raconte la vie de ce premier ancêtre, Nicolas Langlois. Ces textes ont récemment été publiés par la revue Le Chemin du Roy de la Société d’histoire de Neuville. L’histoire de Nicolas Langlois est une portion importante de leur histoire. En fait, la famille Langlois est l’une des quinze familles d’origine qui sont toujours membres de cette communauté plus de 300 ans plus tard, d’une génération à l’autre.

Temps de lecture estimé – 15 minutes

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4e partie du chapitre 18 – Notre ancêtre Nicolas Langlois

7 – Transfert de la ferme à la deuxième génération (suite)

Notre premier ancêtre Nicolas Langlois va mourir le 13 octobre 1721 à l’âge de 81 ans sur la terre où il aura finalement passé plus de 50 ans de sa vie.  Cependant, l’acte de donation de sa terre à son fils Nicolas date de près de 20 ans avant sa mort, soit le 15 octobre 1704.

J’ai pu retracer cet acte de donation de trois pages que je reproduis à la fin du chapitre. Il sera probablement impossible pour la majorité d’entre vous de le lire une fois rendu compatible avec le format de ce livre, d’autant plus qu’il est rédigé dans l’ancien français du temps. Pour les curieux, une loupe aidera grandement à y cerner au moins les grandes lignes.

J’ai hésité avant de l’inclure dans ce livre mais j’ai finalement décidé de l’annexer à titre documentaire pour les générations futures puisqu’il s’agit probablement du document légal le plus important de l’histoire de notre famille Langlois. C’est sans compter ce qu’il représente pour la petite et la grande histoire, soit la transmission d’un bien important pour les enfants de Nicolas Langlois et une invitation à cette prochaine génération de perpétuer ce geste, de génération en génération, afin de faire en sorte que ce bien demeure dans le patrimoine familial. L’objectif est encore atteint plus de 300 ans plus tard.

L’autre aspect intéressant de ce document – et plus visible pour tout le monde – est le fait que l’on peut y voir la signature de Nicolas Langlois à la fin du contrat alors que beaucoup de colons à cette époque ne savaient pas signer comme c’était le cas, par exemple, pour sa femme Élisabeth. Au cours de mes recherches, je crois qu’il s’agit de la seule fois où j’ai pu voir sa signature. Ce sera aussi une preuve documentaire sur cet aspect de sa vie en incluant l’acte notarié dans ce livre. Son gendre Louis Motard, époux de sa fille Isabelle, est également l’un des signataires de l’acte de donation. Puisque la terre sera donnée à son fils Nicolas, le contrat inclut comment les deux parties entrevoient la suite des choses pour la famille puisque dans les faits, il s’agit d’un contrat de ‘’cohabitation’’ entre la famille du père et celle du fils. On peut y lire au milieu de la deuxième page du contrat une clause qui stipule que le fils s’engage à ‘’nourrir, laver, blanchir et entretenir son père de tout ce qui lui sera nécessaire tant sain que malade’’ et qu’il devra fournir au donateur ‘’vêtements, linge et choses à son usage’’.

En plus d’hériter de la terre, de la maison et de son contenu, on spécifie les bêtes qui font partie du transfert, à savoir… ‘’2 bœufs, 4 vaches, 2 taures, 3 veaux, 1 jeune cheval et 3 cochons.’’ On couvre même d’autres aspects qui témoignent des conditions de vie de l’époque comme fournir ‘’vingt-cinq minots de blé fromant et un cochon gras par chacun an (sic) jusqu’au jour de son décès’’.

L’auteur de l’article continue à décrire ce contrat :

‘’ (…) La précision avec laquelle ce type d’acte notarié est rédigé fait en sorte qu’il nous est possible à sa simple lecture de juger du niveau de vie, mais également du mode de vie impliqué par un tel acte. N’oublions pas que le couple donataire se voit bien souvent dans l’obligation de vivre en ‘’co-location’’ avec le couple donateur jusqu’au décès de ces derniers. À cet effet, les donations prévoient aussi ce qui arrivera en cas d’incompatibilité d’humeur. ‘’Il luy sera en ce cas permis de se retirer dans une petite maison qui est sur ladite terre.’’

Une analyse plus approfondie des circonstances qui entourent cet acte notarié et en se rapportant à diverses dates au moment de sa signature, soit le 15 octobre 1704, on se rend compte d’abord que notre ancêtre Nicolas a 64 ans alors que son fils Nicolas n’a que 25 ans. De plus, sa femme Élisabeth Cretel vient tout juste de mourir, soit le 27 mai de la même année. D’autre part, le fils Nicolas épouse Angelique Deserres… le 20 octobre 1704, soit cinq jours après la signature de l’acte de donation. Ce document prend alors toute sa réelle dimension. Il s’agissait véritablement d’une planification successorale en bonne et due forme à la suite du décès de l’épouse au moment où le fils décidait de se marier et acceptait aussi de prendre le relais de la terre familiale pour la prochaine génération alors que le père décidait pour sa part de prendre sa retraite. Comme l’épouse vient de décéder, il ne s’agit plus d’assurer la survivance du conjoint comme c’est généralement le cas dans ce genre de document à l’allure de testament mais plutôt d’assurer la pérennité de la ferme à l’intérieur de la famille.

On note également qu’au décès du père, une clause assurait un paiement de 60 livres à chacun des quatre enfants encore en vie, soit Étienne – qui est notre ancêtre direct de la deuxième génération – et ses trois sœurs – Claudine, Isabelle et Marie-Madeleine. En versant éventuellement cette somme à son frère et à ses trois sœurs, Nicolas (fils) leur versait ainsi leur part d’héritage et deviendrait ensuite l’unique propriétaire de la terre.

La suite de l’histoire est quand même ironique. Au moment du décès du père Nicolas Langlois en 1721, soit environ 17 ans plus tard, les enfants vivants au moment de la donation étaient toujours en vie sauf… le donataire Nicolas qui avait reçu la terre en 1704. Nicolas (fils) est décédé prématurément quelques années avant le décès de son père, soit en 1713, à l’âge de seulement 33 ans. Ce transfert de la terre à la prochaine génération aura donc été relativement éphémère puisqu’il n’aura duré qu’environ 12 ans. Il ne restera ensuite que les trois sœurs… et notre ancêtre direct Étienne. Au moment de la mort de Nicolas (fils) en 1713, son frère Étienne venait juste de partir de Neuville pour aller s’établir à Cap-Santé, loin de la terre familiale.

Sans vouloir trop devancer l’histoire pour ceux qui s’interrogent sur le sort de la terre familiale après 1713, disons que Nicolas (fils) aura eu le temps d’avoir quatre enfants avec son épouse Angelique Deserres mais malheureusement un seul d’entre eux, Jean-Baptiste, atteindra l’âge adulte. C’est donc lui qui héritera éventuellement de la terre comme porteur du flambeau patrimonial pour la troisième génération. Cependant, il n’a que 6 ans lorsque son père Nicolas (fils) meurt en 1713. Il n’héritera officiellement de la terre qu’après la mort de sa mère, Angelique Deserres, en 1755, soit seulement 42 ans après le décès de son père. Malgré tout, il pourra encore en bénéficier 25 ans avant de mourir en 1780.

Même si la deuxième génération de Nicolas (fils), qui a le premier hérité de la terre familiale, n’est pas dans notre ligne directe, j’ai préparé le tableau récapitulatif de sa génération pour comprendre un peu mieux les acteurs impliqués dans le premier transfert de la terre familiale de la génération de Nicolas (père) à celle de Nicolas (fils). Comme la lignée généalogique directe pour suivre le transfert de la terre de génération en génération n’est plus la nôtre, c’est la dernière fois que l’on parlera de la terre familiale d’origine dans ce livre. En revanche, vous pouvez vous rapporter au chapitre 17 – Neuville 2022 – qui inclut un tableau récapitulatif pour mieux comprendre le transfert de la terre ancestrale, de génération en génération, jusqu’à nos jours. 

8Le père et la mère de notre famille souche

À la mort de nos premiers ancêtres en Amérique, Nicolas Langlois et Élisabeth Cretel, le couple avait déjà pérennisé sa descendance. En 1729, soit 25 ans après la mort d’Élisabeth et 8 ans après la mort de Nicolas, on dénombrait déjà 79 descendants de cette famille souche dont nous faisons aujourd’hui partie. Des milliers d’autres suivront au cours des trois siècles suivants.

Acte de décès du ‘’bon homme Nicolas Langlois’’ à l’âge de 81 ans, le 13 octobre 1721 dans les registres de la paroisse Saint-François-de-Sales de Neuville. Source : Généalogie Québec – LAFRANCE BMS.

Nous rencontrerons beaucoup d’entre eux au cours des prochains chapitres.

En 1984, lors du 300e anniversaire de l’érection canonique de la paroisse Saint-François-de-Sales de Neuville, les municipalités de Neuville et de la Pointe-aux-Trembles ont voulu commémorer 15 familles souches qui font partie de la communauté depuis 300 ans, dont la famille de Nicolas Langlois. Cette plaque est apposée sur un monument de trois mètres de haut. Il est situé près de l’Hôtel de Ville de Neuville (230, rue du Père-Rhéaume).

On y lit ce qui suit :

‘’Toute la communauté des municipalités de Neuville et de la Pointe-aux-Trembles est heureuse de célébrer le trois-centième anniversaire de l’érection canonique de la paroisse Saint-François-de-Sales de Neuville, survenue le 3 novembre 1684. Du curé Jean Pinguet en 1684 au curé actuel Philippe Méthot en 1984, c’est 300 ans de vie religieuse que nous commémorons. À cette occasion, nous voulons rendre un hommage particulier aux familles suivantes dont le nom, après 300 ans est encore présent en cette année 1984.’’

Par ordre alphabétique, la famille Langlois y figure en onzième place, dans la troisième et dernière colonne.

Source : Société d’histoire de Neuville.

Généalogie des Langlois, descendants de Nicolas Langlois et d’Élisabeth Cretel2e génération – Nicolas (fils), 1er héritier de la ferme familiale et 3e génération – Jean-Baptiste Langlois, 2e héritier de la ferme familiale

ACTE DE DONATION DE LA FERME FAMILIALE ENTRE NICOLAS LANGLOIS (père) et NICOLAS LANGLOIS (fils) – 3 pages


Sources bibliographiques principales et ressources complémentaires:

  • Nicolas Langlois et ses descendants, Michel Langlois, Les Langlois d’Amérique, 54 pages, 1993
  • Nos Origines.ca
  • Histoire de Neuville, site web de la Société d’histoire de Neuville
  • Acte de naissance de Nicolas Langlois, les recherches continuent, Les Langlois d’Amérique
  • Ferme Langlois : douze générations et 350 ans d’agriculture, Gaétan Genois, 15 juin 2017, Info Portneuf.com
  • Site de Généalogie Québec et ses bases de données
  • Les donations de ferme, l’exemple de la famille Langlois de Neuville, Sylvie Bédard, La vitrine des archives de BAnQ, 2014
  • Seigneurie de Dombourg, Rolaro.ca
  • Louis Rouer de Villeray, Dictionnaire bibliographique du Canada, Volume I (1000-1700)

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