Nous débutons aujourd’hui une nouvelle chronique provenant des archives de notre revue L’Entraide généalogique à la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est. Au cours des mêmes années pendant lesquelles nous avions publié la série  »Les vieux métiers » de Denise Dodier-Jacques au début des années 1990, Michel Thibault avait initié une autre série intitulée  »Les vieux pays ». Nous laissons à Monsieur Thibault le soin de nous la présenter dans son introduction plus bas sur cette page.

Nous vous rappelons que nous continuons toujours de publier la série  »Les vieux métiers » de Madame Dodier-Jacques sur notre site. Nous en sommes présentement à la moitié de sa série de 20 articles. Cette nouvelle série consacrée aux vieux pays comptera 12 courts épisodes au cours des prochains mois.

Temps de lecture estimé – 7 minutes

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Cette nouvelle chronique a pour but de faire connaître les pays d‘origine de nos ancêtres, ces  »provinces » ou régions dont on connaît souvent les noms sans toutefois trop bien savoir s’il s’agit d’une entité administrative (gouvernement, généralité, etc…) ou purement géographique ( »pays »). Nous allons essayer d’en préciser quelque peu la nature, les origines, et les particularités, en mettant une certaine emphase sur les régions moins connues ou plus complexes.

Afin de partir du bon pied, nous vous présentons le Perche, cette petite région qui est devenue le premier foyer d’émigration vers la Nouvelle-France sous l’égide de Robert Giffard vers 1634.

Le Perche

Situé aux confins de la Normandie, du Maine et de l’Orléanais, le Perche est un “pays” (i.e. une région plus ou moins naturelle) plutôt qu’une province. En effet, la terre percheronne a toujours été partagée entre plusieurs divisions administratives. Dès l’époque de la formation de la France sous les Rois Francs, le Saltus Perticus (saltus=seuil), cette région accidentée et boisée qui sépare les bassins de la Seine et de la Loire, était répartie entre quatre évêchés: Sées, Évreux, Chartres et Le Mans.

Le comté du Perche fut formé vers l’année 1115 par la réunion des seigneuries de Nogent-le-Rotron et de Bellême et du comté de Mortagne. Ces trois villes se disputeront longtemps la prééminence. Les comtés du Perche de la dynastie des Rotron ont leur siège à Nogent-le-Rotron. C’est cependant à Bellême, siège des anciens comtés de Bellême, que se réunissent toujours les États-Généraux et les assemblées du ban et de l’arrière-ban de la noblesse. Lorsque Saint-Louis (Louis IX) réunira la province à la couronne au XIII” siècle, Mortagne deviendra prépondérante et servira de résidence aux comtes apanagés.

L’apanage était l’octroi d’un territoire à une personne, généralement frère ou fils cadet du roi, avec la réserve que la propriété dudit territoire demeurait au roi. On donnait ainsi un “gagne- pain” à l’apanagé, tout en préservant l’intégrité du domaine royal.

Région du Perche dans le nord de la France, voisine de la Normandie et de la Bretagne.

Au début du XVIIe siècle, on reconnait quatre régions percheronnes:

Le Grand-Perche (l’ancien comté) couvrait la majeure partie de l’arrondissement actuel de Mortagne et la moitié de celui de Nogent-le- Rotron et relevait du gouvernement du Maine. Le Perche-Gouët, ou Petit-Perche, dit encore Bas-Perche était rattaché à l’Orléanais et couvrait la région de Saint-Ulphace et de La Bazoche-Gouët; sa partie orientale, dite Faux-Perche, faisait transition avec la Beauce. Plus au nord, le
Thimerais (Boissy-lès-Perche, Louvilliers-lès-Perche) et les Terres Françaises” de Verneuil-sur-Avre (Verneuil-au-Perche, à
l’époque) sont aussi considérés percherons (“lès” = près de).

Le pays demeure tiraillé à l’époque de la monarchie absolue, puisqu’il appartient principalement à la Généralité d’Alançon au niveau des finances et de l’administration (sauf le Perche-Gouët qui appartient à la Généralité d‘Orléans), alors qu’il relève du Gouvernement du Maine au niveau militaire. Au judiciaire, ce sera le Parlement de Paris; cependant, le Perche conservera longtemps sa propre “coutume” ou tradition juridique.

Le démembrement du Perche demeure une réalité de nos jours, puisque le pays se trouve partagé entre quatre départements. Elle forme aujourd’hui la partie est de l’Orne (le restant en est normand) mais s’étend aussi à l’Eure, l’Eure-et-Loir et à la Sarthe.

Bibliographie sommaire:
Gobillot, R.: Le Perche, 1970, Association des amis du Perche.

Guides verts Michelin: Normandie, 3e éd., 1984, Michelin.

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