Suite au décès soudain de notre confrère Denis Beaulieu, décédé au début de l’été, nous vous présentons aujourd’hui sa biographie que nous avons reconstruite à travers nos archives et certains de nos souvenirs des dernières années et des derniers jours de sa vie. Il s’agit du prélude d’un hommage que nous lui rendrons au cours des prochains jours à travers huit articles, provenant surtout de ses écrits que nous avons sélectionnés. Nous espérons que ces écrits feront ressortir au fil des jours ses talents de conteur et sa passion pour l’histoire, en particulier celle de sa région, l’Estrie.
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Denis Beaulieu est né le 9 mars 1944 dans le village de Nanaimo en Colombie-Britannique. Nous sommes alors en pleine deuxième guerre mondiale et son père contribue à l’effort de guerre du Canada dans l’ouest du pays. Il passe ensuite sa jeunesse à Magog, dans les Cantons-de-l’Est. Après ses études secondaires à l’Externat classique de Magog, il termine son baccalauréat ès Arts, option économie, à l’université de Sherbrooke en 1967. Toujours à cette université, il poursuit ses études et obtient en 1970 sa maîtrise ès Arts, option économie des coopératives.
Il épouse en juillet 1969 Gabrielle Simard de Magog et au moment de son décès, il était le père de quatre enfants, grand-père de nombreuses fois et même arrière-grand-père.
De novembre 1969 à février 1972, il est à l’emploi du gouvernement fédéral à Ottawa à titre de statisticien au Bureau fédéral de la statistique, et à titre d’économiste au ministère des Pêches et Océans. De février 1972 à juillet 2004, à l’emploi du Gouvernement du Québec, il est en poste dans plusieurs ministères. De 1975 à 1987, à Québec, il est coordonnateur des activités ministérielles en milieu autochtone pour le ministère des Institutions financières, Compagnies et Coopératives et pour le ministère de l’Industrie et du Commerce. Il s’occupe principalement du développement des coopératives inuit du Nouveau-Québec et publie plusieurs rapports d’études.
De 1987 à juillet 2004, toujours pour le ministère de l’Industrie et du Commerce, il travaille à titre de conseiller en développement industriel au bureau régional de l’Estrie, à Sherbrooke, de 1987 à 1994 et de 2001 à 2004, et au bureau régional de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, à New Carlisle, de 1994 à 2001.
En juillet 2004, Denis Beaulieu prend sa retraite et enregistre la raison sociale pdg.beaulieu. En plus du travail de conseiller en gestion dans quelques entreprises, il entreprend plusieurs travaux de recherches sur l’histoire locale et régionale et sur la généalogie de plusieurs familles. Il faut dire que, depuis plus d’une trentaine d’années, il s’intéressait à ces deux sujets. Il a en outre accumulé une bibliothèque et une documentation très volumineuse, ce qui lui a permis ensuite d’y puiser les informations nécessaires à ses recherches.
Depuis 2004, il compilait les index analytiques des revues de plus d’une cinquantaine de sociétés d’histoire et de généalogie du Québec. Ces index furent d’abord publiés et distribués par pdg.beaulieu. Les cinquante-huit (58) index répertorient maintenant plus de 41 000 articles et près de 7 200 pages de références. Afin d’agrémenter chacun de ces index de photographies se rapportant à la région concernée, il entreprit, en 2005, de photographier la majeure partie des biens culturels de chacune des régions du Québec. Projet colossal qui devait prendre encore quelques années avant d’être complété même si pour lui cette quête photographique n’avait pas de fin. Il y avait toujours des nouveaux sujets à explorer.
Il a fait don de ces Index analytiques à la communauté. Ils sont maintenant disponibles à la bibliothèque de la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est de même que sur les sites des archives nationales du Québec et du Canada, à travers Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et Bibliothèque et Archives Canada. Disponibles gratuitement aux chercheurs et aux amateurs d’histoire et de patrimoine. Il a également fait don de son patrimoine photographique, constitué de plus de 30 000 photographies du patrimoine québécois, connu à la bibliothèque de la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est (SGCE) comme le Fonds Denis-Beaulieu.
Tous ces travaux, toutes ces recherches et tous ces écrits n’avaient qu’un seul objectif : conserver et diffuser le plus possible notre patrimoine familial, culturel et religieux.
En 2007, Denis devient membre de la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est. Dès son arrivée, il s’implique en s’occupant de la mise en page de notre revue L’Entraide généalogique. Puis, en 2011, il en accepte l’entière responsabilité. La revue a été créée en 1978 et a été publiée quatre fois par année jusqu’à tout récemment où sa fréquence de parution a été réduite à trois fois par année. Elle est consacrée à la généalogie et aux sujets qui lui sont apparentés : l’histoire des familles, des municipalités et des régions, la sociologie, la paléographie, la génétique, l’archéologie et tout autre sujet d’intérêt général.
Il a fait la rédaction de chroniques hebdomadaires publiées dans le journal La Tribune de Sherbrooke, à partir de cinq de ses livres. Au total, il aura contribué, pour la communauté régionale, plus de 325 chroniques dans ce quotidien sur une période de plus de dix ans, soit entre 2010 et 2021.
En 2009, notre revue devient la première revue d’histoire et de généalogie au Québec à imprimer complètement en couleur. D’ailleurs, elle fait alors l’envie de plusieurs sociétés de généalogie. Pour le photographe en lui, cette couleur locale de mise en page était importante dès le moment où il s’est impliqué dans la revue.
Entre 2007 et 2022, Denis Beaulieu a lui-même contribué plus d’une quarantaine d’articles écrits à notre revue, L’Entraide généalogique. Nous reproduirons certains de ses écrits au cours des prochains jours au cours de cet hommage que nous lui ferons, dont le dernier article qu’il nous a laissé en 2022.
À la fin de 2018, il cède la place à un successeur comme responsable de la revue en la personne de Paul Desfossés, et ce pendant quelques années pour y revenir ensuite dans le même rôle jusqu’à son décès.
Il a aussi siégé au conseil administration de la SGCE pendant trois mandats entre 2011 et 2017. Il est revenu sur le conseil d’administration par la suite et en était toujours membre au moment de son décès après avoir en plus accepté la responsabilité de la présidence de la Société en 2022-2023. Travailleur infatigable, il poursuit en parallèle son travail pour la compilation et le montage d’un Index analytique de la revue L’Entraide généalogique consultable sur le site web de la Société.
Il fait également la rédaction de chroniques hebdomadaires publiées dans le journal La Tribune de Sherbrooke : Éphémérides estriennes, en 2010 et 2011 ; Racines estriennes, entre 2012 et 2014 ; Patrimoine estrien, de 2014 à 2015 et Visages estriens, entre 2017 et 2018. Sa dernière série, entre novembre 2020 et décembre 2021, fut consacrée à ses Légendes estriennes. Au fil d’arrivée, il aura contribué plus de 325 chroniques dans ce quotidien sur une période de plus de dix ans.
Il a également été chargé de projet et auteur de quelques projets de publication de la Société comme Racines estriennes, Hommage à nos familles pionnières (publié en 2013) et également Visages estriens, Hommage à nos gens (publié en 2017). De plus il y a quelques années, avec la coopération de nos membres Jean-Marie Dubois et Gilles Samson, Denis fait, devant plus de 300 personnes au manège militaire des Hussars de Sherbrooke, le lancement de leur publication intitulée VISAGES ESTRIENS – Hommage à nos militaires. Cette œuvre présente les biographies et les généalogies de plus de 160 militaires de notre région. La même équipe est toujours en place en 2023 alors qu’elle s’affaire à la recherche et la rédaction du quatrième volume de cette série. En parallèle, un ouvrage en anglais était toujours en préparation au moment de son décès où les biographies des militaires anglophones des quatre volumes seront reprises pour une publication anglaise de 10 fascicules de 40 pages chacun, dont la publication est à prévoir en 2024.
Une fois terminé son mandat de président de la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est en mars 2023, il poursuivait son mandat comme membre du conseil d’administration pour terminer son mandat d’administrateur jusqu’en mars 2024 tout en continuant d’assumer la rédaction de notre revue L’Entraide généalogique et ce, pour une dernière année le temps de trouver une relève qui lui survive avant de prendre une vraie retraite avec son épouse alors qu’il se préparait à souffler ses 80 bougies.
Au moment de son décès, Guy Boulanger avait accepté de prendre cette relève au niveau de la revue tout en créant avec lui une nouvelle plateforme numérique de publication d’articles pour dynamiser encore davantage les processus de création à l’intérieur de la Société avec le nouveau L’Entraide numérique qui a commencé à publier au cours des derniers jours. Il acceptait ainsi de retarder son départ, pour quelque temps du moins, en participant activement à la gestation et à la naissance de ce nouveau projet. Il est décédé alors qu’il était également activement impliqué dans la mise en place de trois séries d’articles portant sa signature qui étaient incluses dans notre stratégie de publication pour la première année de L’Entraide numérique. Son enthousiasme et sa détermination à en faire toujours plus était contagieuse et il nous manque déjà beaucoup.
Un grand merci à la famille qui a accepté avec nous de perpétuer sa mémoire en nous laissant poursuivre les projets que nous avions avec lui au moment de son décès et permettre ainsi à L’Entraide numérique de vous présenter un produit encore plus enrichi. Denis était fier des premiers tests que nous avions effectué avec lui au printemps sur cette nouvelle plateforme. Quelque part, il nous observe sûrement et il est certainement fier de voir ce nouveau bébé prendre son envol ces jours-ci malgré son absence.
Il n’arrêtait pas. L’écriture était sa passion. Certains seront surpris d’apprendre qu’il venait tout juste de terminer un bouquin de presque 600 pages dont il relisait encore chaque page dans les jours qui ont précédé son décès pour ainsi finaliser la toute dernière version de ce livre visant à commémorer les 150 ans du diocèse de Sherbrooke (1874-2024) et qu’il devait publier en février prochain. De plus, comme projet dérivé de ce livre, une série hebdomadaire complémentaire était prévue également dans L’Entraide numérique et ce pour toute l’année 2024. Il venait tout juste de terminer la planification de sa participation dans cette série… six mois avant même qu’elle ne commence. Merci encore à la famille pour nous aider à publier cette série. Il semble même que ce dernier bouquin verra quand même le jour grâce à la famille. L’Entraide numérique et la SGCE voudront certainement participer à ce projet posthume.
Au printemps de 2019 et après plus de 15 ans à œuvrer bénévolement et à temps plein dans l’ombre, Denis Beaulieu est bien malgré lui projeté sous les feux de la rampe. Coup sur coup, il reçoit le Prix La Tribune de la Société d’histoire de Sherbrooke, le Mérite estrien, le Prix Renaud-Brochu de la Fédération québécoise des sociétés de généalogie et la médaille d‘argent du lieutenant-gouverneur du Québec.

Denis Beaulieu alors qu’il reçoit en 2019 des mains de l’Honorable J. Michel Doyon, la médaille d’argent du lieutenant-gouverneur du Québec.
Pour clôturer cette année mémorable pour Denis, la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est lui rend hommage en novembre 2019 en lui attribuant le titre de membre émérite en reconnaissance de ses services exceptionnels rendus à la Société, pour ses travaux et la qualité remarquable de ses écrits.
Tous ces lauriers sont un témoignage de son engagement constant dans sa communauté et son apport exceptionnel à la conservation du patrimoine et de l’histoire régionale.
Il a gagné le prix Raymond-Lambert de la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est en 2009, en 2011, en 2012, en 2013, en 2015, en 2017, en 2018, en 2019 et en 2021.
Le conseil d’administration de la SGCE est à étudier comment perpétuer sa mémoire au sein de la Société et de la communauté régionale. La suggestion est de transformer le Prix Raymond-Lambert du meilleur article de l’année dans la revue L’Entraide généalogique pour qu’il devienne le Prix Denis-Beaulieu. Non seulement, il a dirigé les destinées de la revue pendant plus de 10 des 45 années d’existence de la revue mais à travers un jury de ses pairs, il a lui-même gagné le Prix Raymond-Lambert plus souvent qu’à son tour. Il serait gêné lui-même d’en faire la liste, alors nous le ferons discrètement pour lui: il a gagné ce prix en 2009, en 2011, en 2012, en 2013, en 2015, en 2017, en 2018, en 2019 et en 2021.
La décision de créer ce Prix Denis-Beaulieu sera officiellement prise aujourd’hui même en ce 22 août 2023 par le Conseil d’administration de la SGCE au moment où nous commençons cet hommage.
Et nous avons même oublié de mentionner le Prix littéraire Juge-Lemay, de la Société Saint-Jean-Baptiste du diocèse de Sherbrooke qui lui a été attribué en 2012.
Au cours des prochains jours, L’Entraide numérique profitera donc de son lancement, auquel Denis a pris part activement durant les dernières semaines de sa vie, pour lui rendre hommage à travers certains de ses écrits. Après avoir passé en revue son abondante bibliographie composée de centaines de livres, d’articles ou de chroniques, nous avons sélectionné une dizaine d’articles qui sont représentatifs du patrimoine qu’il laisse derrière lui et qui gardent encore toute leur pertinence et leur fraîcheur malgré parfois le passage du temps.
En espérant que vous serez parmi nos lecteurs pendant cet hommage mérité à notre confrère Denis Beaulieu.
Bravo Denis et bon repos.
Paul Desfossés et Guy Boulanger
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