Voici la deuxième de deux parties d’un texte écrit par Denis Beaulieu pour la revue L’Entraide généalogique en 2015. Ce long article raconte l’histoire d’une institution sherbrookoise, Beauvoir. Au cours des dernières années, Denis avait aussi écrit pour et avec des institutions religieuses. Cet article a été écrit dans le cadre du centenaire de ce lieu de pèlerinage en 2015. La deuxième partie de cet article couvre la période de 1944 à nos jours.
Voici l’hyperlien pour retourner à la première partie de l’article publié hier.
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DU TEMPS DES FILLES DE LA CHARITÉ DU SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS | 1944-1948
Comme Marie, les Filles de la Charité ont répondu « oui ! » au projet de Dieu et du Sacré-Cœur. À la demande de l’évêque, Mgr Philippe Desranleau, elles ont accepté de se porter acquéreuses du domaine de Beauvoir et de prendre la responsabilité du Secrétariat central des œuvres diocésaines du Sacré-Cœur afin de promouvoir la dévotion au Sacré-Cœur.
Les religieuses furent les premières à habiter en permanence à Beauvoir et elles durent supporter tous les inconvénients de leur situation précaire : problèmes d’approvisionnement en eau, de chemins souvent pas carrossables, d’éloignement de tout. C’est ainsi que, le 24 décembre 1944, la première messe de Minuit fut chantée dans la « petite » chapelle de Beauvoir.
Elles furent de fidèles bâtisseuses, car dès leur arrivée à Beauvoir elles durent aménager dans la nouvelle résidence à peine terminée et l’année suivante, à l’été de 1945, elles débutèrent la construction de la « grande » chapelle. Quelques années plus tard, en 1951, suite à l’incendie de leur résidence, elles durent entreprendre la construction de leur nouvelle Villa Notre-Dame.

Les quatre premières religieuses à Beauvoir: de gauche à droite, S. Marie-Conrad (Rachel Drainville), S. Bertrand du S.-C. (Geneviève De Carufel), S. Imelda-des-Anges (Noëlla Dionne) et S. Rolland-Marie (Marie Lessard) (Collection Filles de la Charité du Sacré-Coeur de Jésus, Sherbrooke)

La nouvelle résidence de Beauvoir (Collection Filles de la Charité du Sacré-Coeur de Jésus, Sherbrooke)
Le 28 octobre 1945, on célébra le 25e anniversaire de la construction et de la bénédiction de la « petite » chapelle de pierre de l’abbé Laporte et le 24 décembre, l’abbé Cléophas Boutin disait la première messe de Minuit dans la « grande » chapelle. Ce ne fut qu’au mois de novembre 1946 que l’électricité arriva à Beauvoir, au grand soulagement des religieuses. Le 13 juin 1947, Mgr Philippe Desranleau, l’évêque de Sherbrooke, vint bénir la « grande » chapelle ainsi que la Scala Sancta.

La »grande » chapelle (Collection Sanctuaire de Beauvoir)
Au mois de septembre 1947, devant l’augmentation croissante des demandes d’hébergement et devant le nombre de pèlerinages de plus en plus importants, la tâche était devenue très difficile pour les religieuses de telle sorte que Mgr Desranleau accepta que les Pères augustins de L’Assomption viennent s’installer dans le diocèse de Sherbrooke et leur confia la responsabilité du sanctuaire de Beauvoir. Au mois de février 1948, les religieuses signèrent une entente avec les Assomptionnistes concernant le transfert de Beauvoir et le 14 avril suivant, le contrat de vente, à l’exception de la résidence et du terrain de la résidence, était signé.
Même si les Filles de la Charité ne furent propriétaires de Beauvoir que pendant quelques années, elles en firent un vrai centre de pèlerinage diocésain où des milliers de pèlerins commencèrent à défiler régulièrement.
Depuis plus de soixante-dix ans, elles sont sur place et continuent à se dévouer pour les œuvres du Sacré-Cœur de Jésus.
DU TEMPS DES PÈRES AUGUSTINS DE L’ASSOMPTION | 1948-1996
À la fin du mois de mars 1948, le premier Assomptionniste, le Père Pierre-Célestin Therrien, arriva pour prendre en charge le Sanctuaire de Beauvoir. Dans les mois qui suivirent, six autres pères et frères vinrent le rejoindre. Le Père Therrien décéda le 14 juillet 1951 à l’hôpital La Providence de Magog.
Dès leur arrivée, les Pères assomptionnistes commencèrent la construction de leur nouveau monastère qui fut terminée à l’automne de la même année.
Le 18 décembre 1953, Mgr Georges Cabana, archevêque de Sherbrooke, érigea canoniquement la paroisse Sacré-Cœur de Beauvoir. Pendant quarante-deux ans, les Pères eurent la responsabilité de la cure, en même temps que celle du sanctuaire. Le 20 septembre 1995, Mgr Jean-Marie Fortier, archevêque de Sherbrooke, signa le décret de dissolution de la paroisse Sacré-Cœur de Beauvoir dont le territoire fut rattaché aux diverses paroisses voisines.

La Chapelle extérieure (Collection Sanctuaire de Beauvoir)

Intérieur de la »grande » chapelle (Collection Sanctuaire de Beauvoir)
Ce fut à l’été 1954 que débuta la construction de la chapelle extérieure. Le printemps suivant, les travaux de restauration de la « grande » chapelle débutèrent et la décoration fut exécutée par l’artiste Zotique Pelland de Sherbrooke. À l’extérieur, la Scala Sancta fut démolie parce qu’elle était devenue trop dangereuse et une nouvelle grotte de Lourdes fut aménagée. De 1958 à 1969, les huit scènes de La marche évangélique furent installées, ainsi que la nouvelle statue du Sacré-Cœur. Ces quelques vingt-cinq monuments et la statue furent l’œuvre du sculpteur Joseph Guardo de Montréal.

Une des scènes de La Marche évangélique (Collection Denis Beaulieu)
Au cours des quarante-huit années pendant lesquelles les Pères assomptionnistes furent propriétaires du Sanctuaire de Beauvoir, non seulement ils réussirent à développer la dévotion au Sacré-Coeur ainsi que la fréquentation du sanctuaire par des centaines de milliers de pèlerins, mais ils réussirent aussi à développer le site de Beauvoir : un monastère, la finition de l’église, les sentiers dans le bocage, la Marche évangélique, la chapelle extérieure et la rénovation majeure de l’église.
Au cours de cette période, près de vingt-cinq pères et frères sont venus œuvrer au Sanctuaire de Beauvoir. Pendant neuf ans, les Sœurs de Sainte-Jeanne d’Arc et pendant quinze ans les Sœurs de la Charité de St-Louis assistèrent les Pères dans leur mission. Tous ces hommes et toutes ces femmes étaient eux aussi animés de la même ferveur envers le Sacré-Cœur, laquelle les a aidés à développer sa dévotion et ériger un centre de pèlerinage national.
Toutefois, en raison du vieillissement de leurs membres et d’un manque de relève, les Pères assomptionnistes durent se résigner à faire appel à une autre communauté pour poursuivre l’œuvre de l’abbé Laporte à Beauvoir.
DU TEMPS DES PÈRES MARISTES | 1996 À AUJOURD’HUI
Le 10 octobre 1996, les trois premiers Maristes, les Pères Gilles Chabot, André Lamontagne et Denis Delisle, arrivèrent à Beauvoir pour remplacer les Assomptionnistes. Le 28 du même mois, devant le notaire Jean Sylvestre de Sherbrooke, le contrat de vente entre les Pères assomptionnistes et les Pères maristes fut signé.
Depuis maintenant près de vingt ans, les Maristes sont les propriétaires et gardiens du Sanctuaire de Beauvoir. Au cours de cette période, neuf pères et quatre frères maristes sont venus œuvrer à Beauvoir.
Chacun d’eux a su garder bien vivante l’œuvre de l’abbé Laporte, de sorte qu’encore aujourd’hui le Sanctuaire du Sacré-Cœur accueille d’année en année des milliers de pèlerins.

La statue du Sacré-Coeur, rénovée en 1997 (Collection Sanctuaire de Beauvoir)
En plus de leur mission évangélique, les Maristes ont à cœur d’entretenir et de développer les installations du domaine de Beauvoir tout en gardant précieusement le patrimoine religieux et spirituel du Sanctuaire. Au cours des années, ils ont amélioré une foule de choses : le piédestal de la statue du Sacré-Cœur en 1997, le Sentier de la paix en 1998, l’intérieur de la petite chapelle en 2003, la grande verrière du chœur de l’église en 2004, la chapelle d’adoration en 2005, les grottes de Lourdes et de la Sainte-Famille en 2006, la chapelle extérieure en 2007, les équipements du restaurant et de la cafétéria en 2012.
Le Sanctuaire de Beauvoir est devenu un site incontournable pour les fervents du Sacré-Cœur de Jésus.
Espérons que les Maristes pourront continuer pendant longtemps de faire progresser l’œuvre de l’abbé Laporte entreprise il y a cent ans.

(Collection Sanctuaire de Beauvoir)
Cette image du Sacré-Cœur fut apportée par l’abbé Laporte en 1915. Elle orna la grande pièce du chalet et, par la suite, l’intérieur de la petite chapelle où elle y est toujours en 2015. Ce cadre constitue le seul objet qui subsiste de l’époque de l’abbé Laporte.
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