Voici le 5^e article dans le cadre de l’hommage que nous rendons à notre confrère Denis Beaulieu. Denis avait toujours plusieurs projets qu’il menait en parallèle, dont celui-ci qu’il appelait la Collection Mine d’or où il faisait bénévolement l’index des articles publiés dans les différentes revues des Sociétés d’histoire et des Sociétés de généalogie du Québec. 58 sociétés ont bénéficié de son travail de moine à travers les années.

Temps de lecture estimé – 9 minutes

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La première fois que j’ai entendu parler de Denis Beaulieu remonte à quelques mois seulement, quelque part à la fin de l’été 2022. C’était – rien de surprenant – à travers l’un de ses écrits. Je revenais dans ma région natale après une carrière de plus de 40 ans à Ottawa. Dans un numéro consacré au patrimoine livresque au Québec, la revue bien connue Histoire Québec consacrait trois pages à notre confrère Denis Beaulieu. Il s’agit du numéro 2 du volume 28 de 2022 (pages 23 à 25) pour ceux et celles qui voudraient y retourner. Ce numéro est disponible à la bibliothèque de la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est. L’article est intitulé Un outil de recherche: Les index analytiques de la Collection Mine d’Or.

Il apparaît évident maintenant que quiconque prépare un numéro thématique sur le patrimoine livresque au Québec ne peut passer à côté d’une oeuvre aussi importante que la Collection Mine d’or que Denis a construite à partir de presque rien depuis le début des années 2000.

Après la lecture de cet article, on ne peut qu’imaginer le travail colossal qui se cache derrière cette initiative qui a accaparé plus de deux décennies de sa vie.

Je ne me doutais évidemment pas à ce moment, que nous nous retrouverions peu après, côte à côte, au conseil d’administration de la Société de généalogie des Cantons-de-L’Est et encore moins, à lui succéder comme responsable des publications. De gros souliers à chausser !

Durant les jours qui ont précédé son décès soudain, il m’avait dit qu’il serait plus discret pour planifier avec moi le lancement du site L’Entraide numérique puisqu’il voulait faire, le temps de quelques jours, quelques mises à jour de certains volumes de cette Collection afin d’inclure les éditions des revues de l’année 2021 et 2022, dont notre propre revue à la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est, L’Entraide généalogique.

Juste avant sa mort, j’avais demandé à Denis dans quelles circonstances cet article dans Histoire Québec avait été pondu. Il m’a répondu qu’en préparant ce numéro thématique, la revue l’avait tout simplement contacté et lui avait demandé s’il pouvait écrire un article sur son initiative. Il apparaît évident maintenant que quiconque prépare un numéro thématique sur le patrimoine livresque au Québec ne peut passer à côté d’une oeuvre aussi importante que la Collection Mine d’or qu’il a construite à partir de presque rien depuis le début des années 2000. Par curiosité et sans savoir que ce serait si pertinent si rapidement, je lui avais aussi demandé qui détenait les droits d’auteur de cet article maintenant qu’il avait été publié. Lui ou Histoire Québec ? Il m’a répondu qu’il ne s’était pas préoccupé de cette question et qu’il ne savait pas vraiment. Suite à son décès et pour les fins de cet article-hommage, j’aurais pu confirmer ses droits – ou non- avec Histoire Québec. C’est pourquoi, plutôt que de reprendre intégralement l’article d’Histoire Québec, qui était somme toute assez technique, j’ai finalement décidé d’écrire cet article pour témoigner de cette initiative en ne citant son article que pour mettre en relief ses éléments les plus significatifs.

Il est évident qu’une fois décédé, il sera difficile de perpétuer l’étendue de ce patrimoine collectif en gardant à jour tous ces index. On peut déjà compter sur des bénévoles de notre Société de généalogie pour mettre à jour celui de notre propre revue L’Entraide généalogique. Il faudrait bien trouver une initiative collective pour s’occuper aussi des 57 autres.

Dans cet article d’Histoire Québec, Denis nous parle des débuts de cette initiative il y a plus de vingt ans:

C’est en fouillant la revue d’histoire de la Gaspésie que j’ai été amené à en faire la compilation pour m’y retrouver par auteur, sujet, municipalité ou numéro. À ce moment-là, nous demeurions à Paspébiac, en Gaspésie. Au début, de 1996 à 1999, j’ai travaillé avec l’archiviste du Centre d’archives du Musée de la Gaspésie, à Gaspé, afin d’élaborer une structure de compilation et de présentation de l’index de la revue d’histoire de la Gaspésie: le Magazine Gaspésie. Ceci a donné une structure qui me semblait intéressante pour les chercheurs et les amateurs d’histoire. De 2000 à 2004, j’ai continué de mettre à jour l’index du Magazine Gaspésie, en le corrigeant et l’améliorant.

L’index analytique du Magazine Gaspésie a été mis à jour à quelques reprises depuis sa première édition il y a plus de 20 ans. Mis à jour pour la dernière fois en 2021, il comprend l’index de tous les articles publiés dans la revue depuis ses débuts en 1963. Il compte aujourd’hui 282 pages. Source de la capture d’écran – BAnQ.

Denis prend ensuite sa retraite du gouvernement du Québec et en 2004, il décide de pousser davantage son idée pour la répandre sur un plus grand territoire sans vraiment savoir quel monstre il s’apprêtait à créer. C’est ainsi qu’il contacte tour à tour les sociétés d’histoire du Bas Saint-Laurent à Rimouski et celle de la Côte-Nord à Baie-Comeau. Dès la sortie de ces trois premiers index, plusieurs sociétés d’histoire, bibliothèques et chercheurs commandent leur exemplaire. On voit rapidement que ces index qui couvrent des dizaines d’années d’histoire au niveau régional remplissent réellement un besoin.

Dès 2007, une vingtaine d’index font désormais partie de la collection. Un travail de moine. Numéro par numéro, article par article, en les cataloguant tantôt par numéro, tantôt par sujet, tantôt par auteur ou tantôt par municipalité.

Étant maintenant revenu dans sa région natale des Cantons-de-l’Est pour passer sa retraite avec son épouse Gabrielle, c’est en février 2007 qu’il conclut une entente avec la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est. Ce fut le début d’un nouveau cycle qui répand le concept à une trentaine de nouvelles revues provenant d’autant de sociétés de généalogie ou de sociétés d’histoire.

En 2011, devant l’ampleur de la tâche que l’on peut facilement imaginer, il cesse la mise à jour systématique de tous les index qu’il avait créés pour ne se concentrer que sur les Sociétés avec lesquelles il continue de collaborer.

Au terme de sa vie, sa Collection Mine d’or comprend les index analytiques de 58 Sociétés d’histoire ou Sociétés de généalogie à travers tout le Québec, de l’Outaouais à l’Estrie, de la Gaspésie à l’Abitibi-Témiscamingue. Il a divisé la collection en trois régions : 19 sociétés dans l’est du Québec, 24 dans le centre du Québec et 15 sociétés dans l’ouest du Québec.

La liste des 58 index est disponible sur le site de la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est. En cliquant sur chacun des hyperliens, vous pouvez télécharger chacun de ces index, dans la version de leur dernière mise à jour connue.

L’index analytique de la revue Histoire Québec que publie la Fédération des Sociétés d’histoire du Québec. Source: BAnQ.

Voyons de plus près comment chaque revue est présentée dans son introduction en prenant l’exemple de la populaire revue Histoire Québec, parrainée par la Fédération des Sociétés d’histoire du Québec:

Fondée en 1965, la Fédération des Sociétés d’histoire du Québec (FSHQ) lance en juin 1995 sa revue Histoire Québec. Depuis cette date, le titre de la revue n’a pas changé. Quant au format de la revue, nous pouvons dire qu’il y en a eu qu’un seul : le format 21,5 cm par 28 cm. La page couverture est toujours de deux couleurs, avec photo d’archives pleine page. La revue est généralement publiée quatre fois par année. Elle présente surtout des articles se rapportant à l’histoire des différentes régions du Québec. (…) Actuellement, 839 articles sont compilés dans une base de données, soit du premier numéro de 1995 au dernier numéro de 2021.

L’index de notre revue L’Entraide généalogique, publiée depuis 1978 par la Société de généalogie des Cantons-de-l’Est (SGCE). Source: site de la SGCE.

Toujours dans cet article de la revue Histoire Québec daté de 2022, laissons Denis nous faire part du statut de cette initiative:

La dernière publication de l’ensemble des 58 index analytiques a eu lieu au début de 2022. Chaque index, en format pdf, porte un numéro ISBN et fut déposé à Bibliothèque et Archives nationales du Québec et à Bibliothèque et Archives Canada de sorte qu’ils sont tous disponibles en accès libre pour les chercheurs.

Le reste de l’article illustre avec d’autres pages de couverture l’étendue de ce projet qui a occupé toute sa retraite et ce, sans rien en attendre au niveau financier.

Juste au service du patrimoine collectif.

Malgré tout ce qui précède, il demeure difficile de saisir la réelle mesure de l’étendue de ce travail gigantesque. Je sais que même cet article ne lui rendra pas justice. Laissons quand même Denis la résumer en quelques chiffres:

J’ai compté un nombre total de 10,773 auteurs qui ont écrit dans toutes ces revues, un total de 4,256 sujets différents et 1,675 municipalités. À date, j’ai compilé près de 6,000 revues et 41,196 articles répartis dans les 58 index qui totalisent 7,200 pages.

Wow quand même! Chapeau!

L’index analytique de la revue Journal of Eastern Townships Studies / Revue d’Études des Cantons de l’Est répertoriant tous ses numéros de 1992 à 2021. Source: BAnQ.

Un dernier exemple parmi les revues de 58 Sociétés d’histoire ou de généalogie au Québec compilées par Denis Beaulieu, celle de L’Ancêtre, la revue de la Société de généalogie de Québec, de 1974 à 2021. Source: BAnQ.

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