Voici un nouvel article sorti des archives de la revue L’Entraide généalogique. Il porte sur l’histoire du regroupement de l’Ordre des Filles d’Isabelle. L’autrice, Madame Lise Messier, s’est mérité le Prix Raymond-Lambert pour le meilleur article en 2010 (Vol.33, no. 2). Le texte n’a pas été modifié. Il reflète donc le contexte de l’époque.
Temps de lecture estimé – 12 minutes
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L’Ordre des Filles d’Isabelle
Au fil du temps, plusieurs regroupements sociaux se sont formés dans un but charitable, soit celui d’aider les plus défavorisés. On retrouve des hommes vaillants et généreux parmi les organismes suivants : la Légion Royale Canadienne, le Club Richelieu, le Club Rotary, les Chevaliers de Colomb, le Club Aramis et le Club Optimiste. Nos mères, malgré leurs tâches multiples, ont su elles aussi trouver du temps pour s’impliquer dans divers organismes : le Cercle des Fermières, l’A.F.É.A.S. (Association Féminine d’Éducation et d’Action Sociale), le Mouvement des Femmes Chrétiennes, l’U.C.F.R. (Union Catholique des Femmes Rurales), les C.E.D. (Cercles d’Économie Domestique) et le Cercle Les Châtelaines. Nous vous présentons aujourd’hui une organisation caritative plus que centenaire, celle de L’Ordre des Filles d’Isabelle.

Image du livre de Dorr Clément, Carol, Filles d’Isabelle, notre héritage, notre avenir 1897 – 2007
Peu de gens connaissent le rayonnement national et international des œuvres des Filles d’Isabelle. Ce mouvement fut lancé officiellement aux États-Unis en 1897, lorsque soixante-sept femmes de New Haven, au Connecticut, se regroupèrent pour former un cercle de dames auxiliaires, parallèle au conseil no 65 des Chevaliers de Colomb, sous l’œil attentif du Révérend Père John Russell. Leur devise était : Unité, Amitié et Charité et leur but n’était rien de moins qu’unir le plus grand nombre de femmes catholiques dans un ordre spirituel, tout en faisant la promotion d’idéaux élevés dans la société.
Les débuts de l’organisation semblent reliés à l’Exposition colombienne de Chicago [World Columbia Exposition] de 1892, commémorant le 400e anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Ce dernier, on le sait, avait été parrainé à l’époque par la reine d’Espagne, Isabelle de Castille, couronnée à l’âge de 23 ans, le 13 décembre 1474. Avec sa force de caractère, elle avait réussi à vaincre les rois et à unifier son pays sous la bannière du christianisme. Ses premiers chroniqueurs la décrivent comme ayant toutes les qualités d’une monarque idéale : une certitude morale, un esprit de décision, de l’ambition, un jugement politique, une piété ainsi qu’un solide sens autant de la prérogative royale que des obligations royales.
En juin 1903, un groupe de femmes d’Utica, New York, s’incorpora sous le titre de « Filles d’Isabelle ». En choisissant de porter le nom de cette souveraine, l’Ordre s’inspirait de sa détermination, aidant par le fait même ces femmes qui n’avaient pas encore le droit de vote et dont la majorité n’avait pas accès aux études secondaires. Dépendantes financièrement de leurs époux, quelques-unes d’entre elles seulement travaillaient, pour des salaires très peu élevés, comme ouvrières dans des usines, ou comme institutrices ou infirmières.
Le 25 juillet 1907, l’Ordre des Filles d’Isabelle recevait sa charte dans l’État du Connecticut, permettant ainsi de poursuivre les buts de leur organisation : À travers leur vie spirituelle, organiser des activités pour répondre aux besoins de leur Église. Avec le temps, leur charte fut amendée à quatre reprises : en avril 1917, en avril 1925, en mai 1929 et en mai 1963. À chacun de ces amendements, l’Ordre a redéfini légalement ses buts et ses fonctions. Leur dévouement s’est élargi et les membres de L’Ordre des Filles d’Isabelle donnèrent généreusement de leur temps aux hôpitaux, aux centres d’accueil, aux foyers dispensant des soins infirmiers et à plusieurs activités de collecte de fonds, toujours dans le but de venir en aide aux plus démunis.
Une fois les cercles des États de New York, du New Hampshire, du Vermont, du Wisconsin et du Michigan bien organisés et actifs, le mouvement des Filles d’Isabelle décida de franchir la frontière canado-américaine pour aller ouvrir des cercles au Québec. Lors de son congrès bi-annuel de 1925, à Atlantic City, la secrétaire nationale, Mary Riley, annonça fièrement que l’Ordre avait pris de l’expansion à l’extérieur des frontières américaines. Parmi les nouveaux cercles, se trouvaient deux cercles canadiens : l’un à Montréal et l’autre à Québec. D’autres provinces canadiennes s’ajoutèrent plus tard : le Nouveau-Brunswick ainsi que l’Ontario en 1932 et le Manitoba en 1943.
Devant ce mouvement hors frontières, l’Ordre a décidé, au congrès national de Denver de 1929, d’instituer des cercles d’état à trois niveaux : international, d’état et local. Chaque niveau aurait ses membres et organiserait des activités révélant son caractère et son essence. Voici la composition de ces cercles :
- Le cercle International est le corps législatif de l’Ordre. Les membres se réunissent en congrès biennal pour élire les officières internationales, pour réviser la constitution et le cérémonial, ainsi que pour adopter de nouvelles résolutions.
- Le cercle d’état réunit ses membres tous les deux ans principalement pour la révision des règlements, l’élection des officières et le choix des dons de charité.
- Le cercle local convoque mensuellement ses membres qui s’impliquent dans les activités spirituelles, charitables, civiques, sociales et éducatives du cercle, en collaboration avec le cercle d’État et le cercle international. Il existe des cercles locaux et d’état au Canada, aux États-Unis et un cercle local au Japon.
La croissance de l’Ordre au Canada se fit sous la direction de trois régentes provinciales du Québec : mesdames Béatrice Bernier, Alexandrina Dehase ainsi que Mary Butler et de trois régentes nationales : mesdames Mary Booth, Minerva Boyd et Carolyn Manning. Grâce à leur dynamisme, l’Ordre devint une organisation vraiment nord-américaine.
Lors du congrès provincial de 1954, à Québec, madame Dehase demanda à l’assemblée d’autoriser l’adoption d’un costume pour tous les cercles de la province. Sans être obligatoire, le costume fut précisé davantage par les congrès subséquents. L’Ordre servant souvent à souligner l’importance et la profondeur d’une naissance ou d’un décès, il devenait important de doter ses membres d’un costume pouvant clairement les identifier. Leur présence, pendant des défilés organisés par les villes et les nations pour célébrer des victoires, fut bientôt remarquée. L’image des Filles d’Isabelle était vraiment bien représentée aussi lors de tragédies, car des vigiles collectives à la chandelle aidaient des personnes à traverser leurs épreuves.
Aux congrès et aux évènements importants, bon nombre de Filles d’Isabelle canadiennes portèrent un tailleur noir ou bleu marin avec blouse noire ou blanche. Aux cérémonies religieuses ou aux funérailles de membres, les Filles d’Isabelle canadiennes et quelques membres américaines portaient une mante et un chapeau distinctifs. Des épinglettes ou broches servaient aussi à indiquer le statut et le poste des membres.
Les Filles d’Isabelle de la province de Québec sont restées fidèles à un certain décorum, lors des cérémonies d’accueil. Les régentes portent une longue mante rouge, souvent garnie de fausse hermine. Les rouge, blanc et or de l’Ordre sont les couleurs prédominantes des vêtements que portent les régentes du Québec, évoquant ainsi leur patronne, la reine Isabelle et son cortège royal. Ce décorum, suivi par le Québec, a rapidement été adopté par les cercles francophones d’autres provinces canadiennes, soit le Manitoba, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick.
L’Ordre des Filles d’Isabelle possède aussi une bannière déployée lors d’activités spirituelles et à leurs réunions. Avant 1965, les Canadiennes entonnaient deux hymnes : Ô Canada, pour les membres francophones et God Save the Queen pour les anglophones. Depuis l’adoption du drapeau rouge et blanc, arborant la feuille d’érable, toute la population canadienne chante Ô Canada.
Plus près de nous, le cercle d’état des Cantons-de-l’Est fut fondé lors du congrès de l’état Val d’Estrie le 28 septembre 1997, soit cent ans après la fondation de l’Ordre des Filles d’Isabelle.
Les premières officières d’état furent :
Christiane Chagnon, régente d’état.
Diane Corriveau, vice-régente d’état. Elle fut régente d’état de 2001 à 2005.
Suzel Boucher, ex-régente d’état honoraire.
Céline Boisvert, secrétaire d’état.
Renette Boucher, trésorière d’état.
L’abbé Thuribe Lessard était l’aumônier d’état.
Le premier congrès d’état se déroula à Asbestos, du 30 avril au 2 mai 1999. Le thème était : « Nouvel envol sous les yeux du Père ». Madame Thérèse de Montigny, vice-régente internationale était l’officière déléguée par la régente internationale. Elle était accompagnée de madame Lise Durocher, directrice internationale.
L’état des Cantons-de-l’Est est composé de femmes dynamiques qui veulent travailler ensemble pour faire de leur secteur un endroit où il fait bon vivre. Ces femmes savent travailler dans l’harmonie, le cœur rempli de joie de vivre. On les retrouve très souvent aux activités sociales et communautaires, en collaboration avec plusieurs associations du milieu, telles que le pain partagé, les cueillettes pour la Société canadienne du cancer, la Croix rouge, la Campagne du cœur et plusieurs autres.
Pour les années à venir, l’état des Cantons-de-l’Est vise à continuer de parrainer ces activités :
- Maison Aube Lumière (pour les malades en phase terminale).
- Shower de bébé, lors de leurs congrès (pour les mères monoparentales).
- Pique-nique annuel pour les régentes et vicerégentes (pour renforcer les liens).
À tous les cinq ans, elles fêtent leurs ex-régentes locales pour souligner l’excellence de leur travail. La régente actuelle de l’état des Cantons-de-l’Est est madame Françoise Duval Goupil. Avec ses membres, elle appuie les cercles suivants du diocèse de Sherbrooke :
- Sherbrooke : Immaculée-Conception, # 626.
- Asbestos : St-Aimé, # 642
- Magog : Notre-Dame du Perpétuel secours, # 651.
- Windsor: Marguerite Bourgeois, # 654.
- East-Angus: St-Louis, # 662.
- Lac-Mégantic: L’Assomption, # 721.
- Richmond : Jeanne Le Ber, # 728.
- Disraéli : Sainte-Luce, # 792.
- Coaticook : Sainte-Madeleine, # 795.
- Valcourt: Marie Estelle, # 819.
- Cookshire : Alphonse Marie, # 973.
- Sherbrooke : Marie Julie, # 1260.
- Bromptonville : Mère Marie Léonie, # 1291.
En 2009, le premier cercle (# 626) fêta ses 70 ans d’existence. Cette année, le cercle St-Aimé d’Asbestos fera de même.
Reconnue par l’Église catholique depuis leur fondation, les membres de l’Ordre des Filles d’Isabelle demeurent encore des femmes laïques dans l’Église catholique nord-américaine.
Depuis 113 ans, l’histoire leur a donné raison, l’Ordre des Filles d’Isabelle continue d’exercer un rôle essentiel dans plusieurs paroisses des États-Unis, du Canada et des Philippines. Ses membres ressentent une fierté d’appartenance à leurs cercles locaux et font le bien sans relâche souvent dans l’ombre de leurs communautés.
Bibliographie :
Comité de Recrutement International 2008 – Bref historique.
Dorr Clément, Carol, Filles d’Isabelle, notre héritage, notre avenir 1897 – 2007 – Filles d’Isabelle 2008, 168 pages.
Duval Goupil, Françoise, Régente d’état, Cercle d’état des Cantons de l’Est, 2008.
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